Vous avez dû le remarquer. Depuis quelques années, les sorcières sont de retour sur le devant de la scène. Plus de dix ans après nos adieux au "Pouvoir des Trois" (Charmed) et à Willow (Buffy contre les vampires), ces femmes douées de pouvoirs magiques ont retrouvé le chemin des plateaux de tournage et s'invitent désormais dans nos fils d'actualité ou boîtes mails (feu Witch Please, la newsletter des sorcières de Jack Parker).
Dans la vraie vie, les sorcières ne se cachent plus. Elles investissent des manifestations (comme le Witch Bloc Paname) et unissent même leurs forces à travers le monde pour jeter des sorts à Donald Trump ou Brett Kavanaugh.
En 2018, la sorcière est on ne peut plus féministe, brandissant alors l'égalité entre les femmes et les hommes comme l'un de ses combats inévitables, raisonnant évidemment avec l'actualité des dernières mois et dernières années. En témoignent la publication de l'ouvrage dont tout le monde parle en ce moment : Sorcières, la puissance invaincue des femmes, de Mona Chollet (éditions Zones), et de nombreux sujets (passionnants) consacrés à cette thématique chez France Culture, Cheek Magazine ou encore Slate.fr.
"Aujourd'hui, on a l'impression que toutes les sorcières sont féministes, que toutes les féministes sont sorcières. Mais dans les deux cas, c'est faux", estime Lilith, tarologue de 27 ans, qui se définit elle-même comme "sorcière moderne".
Pour elle, à l'aune de #MeToo, de la libération de la parole des femmes et du retour du féminisme sur le devant de la scène pop, "il est facile de tomber dans une analyse politique de la sorcière". Mais à y regarder de plus près, les sorcières ne sont pas toutes des défenseures de l'égalité. Pire, parfois elles ne se contentent pas de rester muettes ou inactives sur le sujet, mais participent à une vision inégalitaire du monde. La preuve par 4.
Au même titre que toutes les femmes ne se disent pas féministes, toutes les sorcières ne revendiquent pas non plus un engagement politique. "Il y a des personnes qui pratiquent la sorcellerie comme un art ou une spiritualité et qui ne sont pas spécialement engagées politiquement", souligne Lilith pour qui, au contraire, sa spiritualité et sa vision politique sont totalement liées.
C'est à croire que la figure même de la sorcière a finalement outrepassé la pratique même de la sorcellerie. Il est "tendance" de se proclamer "sorcière" ; comme il est désormais d'usage de désigner des femmes engagées pour l'égalité comme étant des sorcières. Mais cette appellation ne serait-elle pas devenue une forme de mode à suivre plutôt qu'une véritable identité, derrière laquelle se cache des croyances comprises et respectées ?
Entre 12 et 48 euros, c'est le prix que certaines sorcières modernes déboursent chaque mois pour recevoir une box dédiée à la pratique de la sorcellerie. Ces boîtes magiques ont flairé le bon filon tout en permettant à des curieuses de s'ouvrir à la pratique de l'ésotérisme et à ses valeurs.
En France, le site Madmoizelle.com a lancé la sienne pour le mois d'octobre (stock épuisé) tandis que la startup française Womoon s'est jeté à l'eau et propose plusieurs produits promettant d'aider les femmes "à se connaître et s'aimer profondément".