On achète, on revend… gros plan sur le business des baskets rares. Pour vous et moi, une paire de baskets, ça s’achète chez le marchand, on les porte, on les use, et on en rachète. Point final. Vision totalement utilitaire de la chaussure de sport, qui, en vrai, ne fait plus de sport depuis longtemps. Et d’ailleurs on ne dit plus baskets mais sneakers…
Sauf que certaines sneakers sont aujourd’hui des objets de collection. Les modèles vintage ou les séries limitées atteignent des montants exorbitants. Encore mieux si une célébrité a transpiré dedans. En avril dernier, des Nike de Kanye West sont parties pour 1,5 million d’euros.
Sans aller jusque-là, un modèle tendance et neuf, acheté entre 200 et 300 euros, peut rapporter deux à trois fois son prix d’achat. Le marché mondial de la revente est évalué à 6 milliards d’euros par an.
Ce qui n’a pas échappé à certains amateurs un peu débrouillards. On les appelle les "resellers".On les croise cette semaine dans M, le Magazine du Monde. Il y a par exemple Henri, un lycéen de 17 ans. "Ma première paire", dit-il, "c’était une Adidas Yeezy. Achetée 220 euros et revendue 350 quelques jours plus tard. Je suis resté connecté sur le site de la marque de 8 heures du matin jusqu’au soir, et je l’ai chopée. Au départ, je pensais la garder pour moi et puis, finalement, je me suis dit que c’était un moyen de me faire un petit revenu."
En effet, en un an, Henri a acheté une trentaine de paires différentes, jamais sa pointure, pour ne pas être tenté de les garder. Résultat : 1.100 euros de bénef' en tout, soit entre 30 % et 35 % de marge par paire. Évidemment il faut investir. Et puis il faut connaître les ficelles du métier. Pour ça, demandez à Théo, 23 ans, "cinq ans dans la basket". "Il y a une dizaine d’années", dit-il," on pouvait s’en sortir en campant des heures voire des nuits devant les boutiques ou, mieux, copiner avec le vendeur qui pouvait vous mettre une paire de côté. Aujourd’hui tout se passe en ligne et si tu chasses seul, c’est même pas la peine."
De nos jours, les marques organisent méthodiquement leurs "drops", c'est-à-dire la mise en vente en ligne de leurs nouveautés. Il y a un système de préventes, avec parfois un tirage au sort, ce qu’on appelle une “raffle” dans le jargon. Et pour ne rien rater, le bon reseller intègre un "cook group", une sorte de forum privé sur la messagerie Discord. Pour une vingtaine d’euros par mois, Maxence, 20 ans, récupère ainsi toutes les informations sur les prochaines ventes, les modèles qui seront les plus recherchés, leur potentiel de plus-value. "Le 'cook group' donne les mêmes infos à tous ses membres", dit-il, "mais c’est un avantage énorme de pouvoir en être. C’est un peu comme une école spécialisée en sneakers, cela permet d’avoir un coup d’avance. Le plus dur en fait c'est d’y entrer car les places sont limitées".
Pour être le premier sur les achats, il faut aussi être malin. Pendant trois ans, Celia a fait travailler une armée de petites mains, qui s'inscrivaient aux "raffles" les plus intéressantes. Un bon moyen pour multiplier les chances d’être tirée au sort. Depuis elle a raccroché. La revente, c'est chronophage, et même stressant, limite addictif pour certains. Henri, lui, reste avant tout un passionné. Son rêve : posséder l’Air Jordan 1 High Travis Scott, ou Dior, des modèles collectors à plusieurs milliers d’euros. "Si un jour j’arrive à les acheter, je ne les revendrai pas", dit-il, "mais je les exposerai ou, peut-être, je les porterai". Ce jour-là, il achètera sa pointure.
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