"La menace existe encore", prévient la patronne de la DGSI sur RTL, dix ans après les attentats du 13 novembre

Tandis que la France s'apprête à commémorer les victimes des attentats du 13 novembre 2015, les services de renseignement sont en alerte face à la possibilité d'une menace terroriste sur cette période. Invitée de RTL lundi 10 novembre, la directrice générale des renseignements intérieurs (DGSI), Céline Berthon, se veut claire : au moment présent, "nous n'avons pas de menace concrète identifiée pour cette semaine du 13 novembre", mais les prochains jours doivent tout de même constituer "un moment de vigilance". 

D'autant que dix ans après les attentats qui ont fait 132 morts et des centaines de blessés, "la menace existe encore", prévient la patronne de la DGSI. "Il ne faut pas avoir peur, mais conserver à l'esprit que dix ans après, même si le visage de la menace terroriste a évolué en France, cette menace existe encore", déclare-t-elle sur RTL.

Une menace aujourd'hui "endogène"

Le 13 novembre a marqué un tournant concernant la menace terroriste sur le territoire français, rappelle Céline Berthon. "C'est la référence à ce qui a été l'élément paroxystique de la puissance de l'État islamique", et "l'avènement de la stratégie de menace projetée menée par cette organisation". Dix ans après, la menace d'un projet d'attentat est toujours bien réelle : les services de renseignement ont participé à en déjouer six au cours de l'année 2025, et trois attaques, dont deux mortelles, ont eu lieu sur le territoire. 

À ce jour, ce n'est pas l'existence de la menace qui a changé, mais plutôt son visage : "Il y a dix ans, nous avions des menaces projetées avec des commandos d'hommes armés, entraînés, qui s'organisent longtemps à l'avance, qui étaient formés en Syrie. (...) Nous avons aujourd'hui affaire à une menace que l'on qualifie d'endogène, qui correspond à des personnes, hommes ou femmes, qui sont présents sur notre territoire et qui adhèrent à l'idéologie mortifère de l'État islamique, mais qui la vivent davantage de manière virtuelle." Dernier exemple en date, un projet d'attentat déjoué à Paris et impliquant trois jeunes femmes françaises, âgées d'une vingtaine d'années.

Un lien avec le contexte international

Aujourd'hui, la menace sur le territoire français est aussi liée au contexte géopolitique international. Les attaques du Hamas du 7 octobre 2023 a augmenté le risque de projet violent en France : "Depuis la résurgence du conflit israélo-palestinien, nous avons vu monter le niveau de la menace sur notre territoire, avec une cible d'autant plus forte de la communauté juive ou des ressortissants israéliens sur notre territoire," explique Céline Berthon. 

Les chiffres le prouvent : "Nous avons observé que le conflit à Gaza ou la communauté juive pouvait être liés à presque la moitié des projets d'attentat que nous avons déjoués depuis 2023," indique la directrice de la DGSI. Elle rappelle également que "le sujet d'Israël ou l'antisémitisme ont pu être des éléments puissants dans une partie de la propagande djihadiste de manière historique."

Dimanche, le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, soulignait déjà sur le plateau du Grand Jury que "la menace terroriste dans notre pays demeure très élevée" et appelait l'ensemble des services de sécurité intérieure à faire preuve de vigilance à l'approche des commémorations du 13 novembre.