Donald Trump est parti en guerre contre les scientifiques, surtout de l'environnement. Des mots comme réchauffement climatique ont été interdits sur certains sites de l'administration et des centaines de postes ont été supprimées. De son côté, Emmanuel Macron saute sur l'occasion et propose aux scientifiques américains de venir travailler chez nous, mais en a-t-on les moyens ?
Pendant des années, nos cerveaux français ont fui notamment vers les États-Unis. Inversion de l'histoire, plusieurs universités françaises ont d'ores et déjà annoncé vouloir recruter des scientifiques américains. L'université d'Aix-Marseille, l'une des plus grandes en France, 80.000 étudiants, s'est tout de suite mobilisée pour proposer 15 postes dans le domaine du climat.
"On a voulu réagir. Alors, on a décidé de consacrer un budget entre 10 et 15 millions d'euros sur trois ans à ce programme-là. Moi, je parle d'asile scientifique et on le revendique", assure Éric Besson, le président de l'université.
Près de 300 chercheurs américains ont répondu à l'appel de l'université d'Aix-Marseille. Russel est l'un de ces 300 candidats : "C'est très dur de voir les changements ici aux États-Unis et je suis très reconnaissant d'avoir des soutiens en France. C'est vrai que c'est un peu intimidant la perspective de devoir tout recommencer ailleurs, surtout que nous avons travaillé très dur pour arriver là où nous sommes. Mais bon, si c'est pour faire progresser la recherche, je serais heureux d'avoir cette opportunité", explique-t-il.
Les universités de Toulouse, et de Saclay ont aussi ouvert des postes, mais du côté des chercheurs français, ça commence à grogner. Nos scientifiques se disent solidaires, mais il y a des limites et d'autres priorités, selon Théo Besson, un jeune chercheur en pharmacie. "Il y a un tiers des bâtiments universitaires qui est en mauvais état, selon un rapport de la Cour des Comptes. Il y a des bâtiments dans lesquels il pleut parfois. Il y a quelques années à Strasbourg, ils ont dû couper le chauffage parce qu'il n'y avait pas l'argent. Parfois, on n'a pas d'argent pour financer nos propres recherches", explique-t-il un peu remonté.
"On se pose la question de pourquoi on n'augmente pas nos budgets alors qu'il y a des superbes équipes en France aussi. Il y a des milliers de vacataires qui sont très mal payés et qui n'ont pas de contrat pérenne. C'est super d'accueillir les chercheurs étrangers, notamment les Américains puisqu'ils passent un mauvais moment, mais on a besoin d'argent pour travailler", poursuit-il.
Il faut savoir qu'aux États-Unis un chercheur est payé 3 à 4 fois plus qu'en France, un postdoctorant français commence sa carrière à 2.000 euros nets par mois. À Harvard, c'est 6.000 euros. Imaginez les conversations à la machine à café dans une fac française. Les Américains ne vont pas se déplacer pour rien, le ministre de la Recherche parle d'un budget d'un million d'euros pour trois ans pour un poste. Cela comprend aussi le matériel et le recrutement d'un collaborateur, mais c'est rare qu'un chercheur français obtienne autant.
On ne va donc pas voir déferler en France de milliers de chercheurs américains. Le mois dernier, Emmanuel Macron avait lancé le programme "Choose France", mais aujourd'hui à la Sorbonne, l'initiative va devenir plutôt "choisir l'Europe". Selon le chef de l'État, si quelqu'un doit dépenser de l'argent pour les faire venir, c'est à l'Europe de le faire. Une vraie opportunité pour l'Union européenne de renforcer sa recherche face aux Chinois ou aux Américains.
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