La coupe dans le budget de l'Agence bio est-elle problématique pour le secteur ? Jean-Marc Jancovici répond

C'est une très mauvaise nouvelle pour l'ensemble de la filière biologique. Le ministère de l'Agriculture a annoncé, mardi 20 mai, une baisse drastique de 15 millions d'euros du budget de l'Agence Bio, chargée du développement, de la promotion et de la structuration du secteur, fondée sur l'interdiction d'utilisation de produits issus de la chimie de synthèse.

La mauvaise idée, c'est de diminuer la part du bio, ou de ne pas promouvoir les modes agricoles qui sont respectueux de l'environnement. Alors, il n'y a pas que le bio, mais il en fait partie. 

L'agriculture bio a, comme vertu, de ne pas utiliser de substances qui sont toxiques (ou trop toxiques) pour le reste du vivant. Il n'y aura donc pas de recours aux insecticides, aux herbicides, aux fongicides... Alors, évidemment, de temps en temps, ça nous oblige à partager la récolte avec des petites bêtes (c'est bien pour cela que l'on a développé les pesticides).

Le bio, plus vertueux pour la santé et l'environnement

Mais l'utilisation de produits chimiques a ses inconvénients. Premièrement, pour la santé des agriculteurs eux-mêmes. Deuxièmement, sur l'environnement, car l'effondrement des insectes va avec l'effondrement des oiseaux et l'effondrement de tout un tas d'animaux insectivores. Enfin, sur notre propre santé puisqu'on va retrouver des résidus de pesticides à droite et à gauche. 

Et il y a des études qui laissent penser qu'il pourrait même y avoir un lien avec un certain nombre de choses que l'on est en train d'observer actuellement en ce qui concerne la santé humaine (fertilité ou d'autres évolutions).

Donc l'agriculture bio, c'est une forme de réponse. Si elle n'est pas l'unique réponse, car il existe d'autres pratiques environnementales vertueuses dans l'agriculture, c'est toujours une bonne idée de l'encourager.

Le bio plus cher ? Pas si sûr...

Avec le bio, il faut comprendre, qu'aujourd'hui, ce que l'on mange ne nous coûte quasiment rien. En réalité, 7 % de ce que l'on paye au magasin va aux agriculteurs. Tout le reste sert à payer le transport, l'entreposage, les emballages, les campagnes marketing, les banquiers de tous les intermédiaires, la construction du magasin... Mais ça ne paye pas les agriculteurs. 

Ces derniers font de l'agriculture bio avec des rendements qui vont baisser, et donc des coûts qui vont augmenter. Car en bio, comme on respecte mieux l'environnement, les rendements baissent pour un certain nombre de cultures. Cela veut dire que le coût de production augmente.

Aujourd'hui, ce qui paye vraiment les agriculteurs, c'est 1 % de ce que l'on gagne. Mais imaginons que le coût de production augmente de 50 % en sortie d'exploitation. Si ça ne se répercute pas sur les prix, cela ne représentera que 0,5 % de notre salaire. Peut-être qu'on peut accepter de payer ce prix-là pour avoir une agriculture qui ne nuise pas à l'environnement et qui ne nuise pas à notre santé.

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