Agriculture biologique : l'Agence Bio, victime de coupes budgétaires

Coup dur pour la filière bio. Alors que le marché redémarre timidement, le budget de l'Agence Bio est sérieusement raboté de 15 millions d'euros sur l'année. Des économies assez cruelles car ce jeudi 22 mai, on fête les 40 ans du label bio en France et une campagne de publicité pour valoriser la filière et les produits sera lancée : "C'est BIO la France".

C'est précisément l'argent de cette campagne qui va passer de cinq millions d'euros à zéro. La campagne devait durer trois ans, elle n'aura lieu que cette année. L'autre partie des économies concerne le Fonds Avenir Bio qui soutient le développement d'entreprises qui transforment ou commercialisent les produits issus de l'agriculture biologique. 

Par exemple, pour ouvrir une usine de flocons de céréales, l'agence mettait 500.000 euros grâce à ce fonds et, en général, cela déclenchait une aide de 700.000 euros de la région ou des fédérations professionnelles. Ce fonds va passer de 18 millions à 8,7 millions d'euros.

60.000 exploitations agricoles menacées

L'agriculture bio représente aujourd'hui une ferme sur six en France, soit près de 60.000 exploitations, 215.000 emplois et plus de 3.000 magasins. Il y a un peu plus de 10% de nos terres qui sont labélisées bio. 

C'est encore très marginal mais le fameux Fonds Bio devait aider à créer un écosystème pour monter à 18% de nos fermes. Cela va devenir plus difficile. Et il y a un autre effet ricochet. Dans dix ans, un agriculteur sur deux sera en âge de partir à la retraite. Il faut donc des jeunes. Or, 30 à 50% des projets d'installations actuels sont des projets Bio selon l'Agence. Cela signifie qu'on risque de décourager la relève.

Des produits bio peu concernés par les promotions

La consommation de produits Bio a souffert depuis le Covid mais on est actuellement en train de retrouver une petite croissance selon NielsenIQ. Les classes populaires reviennent un peu y compris dans les grandes surfaces, notamment sur les produits alimentaires même si c'est toujours plus cher.

Ce qui est plus révoltant, c'est une enquête de Foodwatch publiée ce mardi 20 mai qui montre que les grandes surfaces ne font quasiment jamais de promotions sur le bio, seulement 5% des produits sont concernés. C'est devenu un handicap car, avec l'hyper-inflation, on est tous devenus des obsédés du prix, de la promo, du gros volumes, etc. On est devenu des chasseurs de primes avec un charriot.

Ce qui est rassurant, c'est que le gouvernement fait ce qu'il a dit. Il a annoncé des réductions de budget et qu'il allait faire le ménage dans les agences publiques. Il le fait. Ce qui est plus gênant, c'est qu'on voit bien que les arbitrages sont très souvent au détriment du climat et de la planète. On a choisi la fin du mois et on oublie la fin du monde.