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Un fumeur de cannabis (illustration)
Crédit : Martin BERNETTI / AFP
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L’accès au point de deal y est étonnamment simple. À l’entrée d'une cité de Nanterre, un passant accepte de montrer le chemin aussitôt : "Vous allez par là-bas, tout droit." Des flèches peintes guident jusqu’à un immeuble. En bas, deux guetteurs. Puis un jeune homme, jean noir et bonnet noir, s’approche. L’échange est rapide : un billet contre une dose. Un trafic qui se déroule jour et nuit sous les fenêtres d’une habitante, qui décrit une clientèle impossible à catégoriser : "Les consommateurs ressemblent à n’importe qui, il n’y a pas de profil type : des très jeunes, des moins jeunes, des trentenaires, des quarantenaires, c’est vraiment tout le monde", a précisé une habitante.
Le point de deal alimente toute la zone, y compris l’université voisine. Maxime et Océane, 20 ans, étudiants en première année de droit, sont venus s’y fournir sans détour. "Moi, j’achète du cannabis essentiellement", expliquent-ils tour à tour.
Face aux violences liées au trafic, se sentent-ils responsables ? La réponse est honnête. Maxime a confié : "Pas vraiment, bien sûr que ça finance une économie du crime, je trouve que c’est compliqué quand tu achètes un petit 10 par-ci par-là te dire que tu participes à ça. Bien sûr, tu as un rôle là-dedans puisqu’il y a des centaines de milliers de personnes qui en achètent un petit 10 aussi, c’est le fruit de l’économie".
Un kilomètre plus loin, au pied des tours de La Défense, Théo incarne un autre visage de cette clientèle. Trentenaire, costume bleu impeccable, il se décrit comme un ancien gros consommateur : "J’étais addict à ça avant, je fumais trois à quatre joints par jour, mais j’ai réussi à diminuer, là je suis à deux".
Interrogé sur la culpabilité, il répond sans détour : "Non, pas du tout, je ne pense pas à ça. J’ai une part de responsabilité parce que je consomme, mais je ne peux pas y faire grand-chose non plus." Une parole qui résume une tendance de fond : une consommation qui se normalise et des profils toujours plus variés.
Le cannabis, la "beuh" ou la cocaïne sont aujourd’hui plus accessibles que jamais. Les prix chutent, les intermédiaires se diversifient et la drogue n’est plus forcément vendue au pied des cités.
Désormais, de nombreux consommateurs se font livrer à domicile ou en plein centre-ville. Une pratique que Reda Belahj, du syndicat Unité Police, résume ainsi : "Soit vous passez par les réseaux sociaux, soit par une messagerie cryptée pour se faire livrer, ça permet aux trafiquants de faire leur travail plus facilement et pour nous c’est beaucoup plus difficile de faire remonter la filière. En région parisienne il est très généralisé et pour le consommateur c’est plus simple aussi puisqu’il est livré chez lui, il a moins de chances de se faire attraper sur un contrôle routier, sur un contrôle d’identité ou autre."
Alors que la consommation reste interdite, passible d’une amende de 200 euros et jusqu’à un an de prison en cas de récidive, les autorités réfléchissent à d’autres réponses. Pour les policiers de terrain, sanctionner ne suffit pas. Il faut aussi ouvrir un accompagnement thérapeutique.
Selon eux, la lutte contre le narcotrafic doit se mener en lien avec le ministère de la Santé, afin d’offrir un véritable parcours de soins aux consommateurs, au-delà de la seule répression.
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