"Fais attention ou tu es mort" : à Marseille, la peur ne redescend pas après le meurtre du frère du militant anti-drogue Amine Kessaci

Mohamed Benmeddour, 1m80 au physique imposant, est une figure du monde associatif. Il est le seul à s'exprimer en son propre nom, à visage découvert. Depuis 12 ans, Mohamed Benmeddour travaille au contact des jeunes dans les quartiers nord de la cité phocéenne. Mais, dans son regard, on peut lire qu'une étape a été franchie. Une ligne rouge a été dépassée.

Il fait référence au meurtre de Mehdi Kessaci, frère d'Amine, un militant écologiste engagé contre le narcotrafic, qui a été tué par balle le jeudi 13 novembre. "C'est la stupeur de voir un jeune de 20 ans se faire tuer, et qui était inconnu des services de police, dit-il. Ça fait peur. On se dit qu'on peut être la prochaine cible."

L'éducateur spécialisé se montre inquiet sur une situation qui n'arrête pas de s'aggraver. "J'ai toujours connu le narcotrafic. Au début des années 2000, il y avait déjà des réseaux très florissants. Ils faisaient encore plus d'argent que maintenant. Mais à cette époque, chacun restait à sa place. Il n'y avait pas de "flingage". Maintenant, ce sont des jeunes qui tombent sous les balles. Avant, il n'y avait pas de victimes collatérales. On n'avait pas de jeunes filles ou de mamans, de jeunes garçons qui mouraient.", explique amèrement Mohamed Benmeddour au micro de RTL.

Si vous vous mêlez du trafic de stupéfiants, alors nous allons vous attaquer

Mathieu Croizet, l'avocat de la famille du défunt Mehdi Kessaci, a peur

Les hommes et les femmes en robe noire deviennent progressivement de nouvelles cibles. Mathieu Croizet, l'avocat de la famille de Mehdi Kessaci partage son expérience : "La première fois qu'on reçoit des menaces de mort, ça fait toujours bizarre. Aujourd'hui, la fonction d'avocat n'empêche pas des actes de violence. En début d'année, un de mes confrères au barreau de Marseille a été attaqué dans son cabinet à coups d'armes blanches." 

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Mathieu Croizet veut alerter. Il pense que l'assassinat de Mehdi Kessaci est un avertissement pour tous les Marseillais. "Si vous vous mêlez du trafic de stupéfiants, alors nous allons vous attaquer", résume l'avocat.

Policiers et agents pénitentiaires, cibles privilégiées

Les policiers sont régulièrement victimes d'insultes et de menaces. Face à cette montée en puissance ces derniers mois, les fonctionnaires prennent des précautions de plus en plus inédites.

"Mes collègues font attention à qui les suit ou pas sur le trajet retour pour rentrer à la maison. Ils n'hésitent pas à faire des détours lorsqu'ils ont un véhicule suspect qui pourrait les suivre", détaille le porte-parole Un1té Marseille. "On se rapproche petit à petit de ce qu'on a connu en 1981 à Marseille, c'est-à-dire l'assassinat du juge Michel. Toutes les précautions prises par les policiers aujourd'hui n'avaient pas lieu d'être il y a cinq ans. Être policier, c'est très compliqué. Nous ne pouvons pas habiter proche de notre lieu de travail", constate-t-il au micro de RTL.

Au niveau pénitentiaire, les problèmes restent les mêmes. Un surveillant de la prison des Baumettes confie avoir reçu des coups de pression à répétition de la part de détenus. "Tu veux jouer avec ton petit salaire de merde ? Je suis de la DZ Mafia. Fais attention à toi ou dehors, tu es mort". 

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14/11/2025 à 12:51 - 07m09s