"Je fais ça au nom de ma foi chrétienne" : "Mamie charge", l'ange gardien des exilés à Calais, témoigne sur RTL

Depuis plus de 20 ans, elle est l'ange gardien des exilés près de Calais. Brigitte Lips, surnommée "Mamie charge", ouvre son garage tous les jours pour permettre aux hommes et aux femmes qui vivent dans les camps de charger leur téléphone. 

Il y a donc un côté pratique pour la charge évidemment, mais les migrants trouvent aussi, ici, beaucoup de chaleur humaine, ce qui manque cruellement dans leur quotidien.

"Ils sortent les chaises et la table et ils prennent le petit-déjeuner. Je propose du thé, du café. Hier soir, j'ai eu du pain gratuitement et des prunes. Il y a des gens qui m'apportent des vêtements ou du sucre, par exemple. Je suis un peu aidée", raconte-t-elle sur RTL, ce jeudi 10 juillet, même si elle reconnaît que dans sa rue, "il y a beaucoup de gens qui ne sont pas d'accord avec ce que je fais". 

Les évangiles nous demandent de nous occuper des petits.

Brigitte Lips, surnommée "Mamie charge"

Les actions de cette retraitée sont guidées par sa "foi chrétienne". Elle explique : "Je suis chrétienne et les évangiles nous demandent de nous occuper des petits. D'ailleurs, il y a des gens qui disent 'oh, et les SDF ?', et bien figurez-vous que, de temps en temps, quand ils ont besoin d'un coup de main dans les associations, je donne de mon temps ou de mon savoir-faire. Je fais un repas quand c'est utile et quand on a besoin." L'un, n'empêche pas l'autre. 

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06/07/2022 à 20:16 - 01m09s

Les jeunes qu'elle accueille le temps de quelques heures viennent de différents pays. "Actuellement, j'ai un très grand groupe d'Érythréens. Ils fuient leur pays parce qu'ils sont, pour la plupart, enrôlés dans l'armée à vie. Beaucoup arrivent d'Allemagne en ce moment, car ils ont peur que leurs papiers n'y soient pas renouvelés. Il y a aussi des Soudanais et des Iraniens, qui fuient la guerre. Leur objectif est d'aller en Angleterre pour rejoindre un membre de leur famille ou une communauté." 

Fuir et apprendre un métier, à tout prix

Brigitte Lips échange beaucoup avec ces jeunes, en quête de liberté. Ils se confient à elle, comme on le fait avec une mamie. "Souvent quand je leur demande 'est-ce que tu savais que c'était comme ça les camps à Calais ?', ils me disent 'non, on ne s'y attendait pas du tout'. Quand je leur dis 'si tu avais su que c'était comme ça, est-ce que tu serais venu quand même ?', ils me répondent 'oui, on n'a pas le choix, on fuit le pays et la dictature pour beaucoup'", souligne-t-elle. 

Quand ils se noient, ils ne crient pas "à l'aide". Ils crient leur nom pour que ceux qui sont rescapés puissent dire à leur famille qu'ils sont morts en mer.

Brigitte Lips, surnommée "Mamie charge"

Traverser la Manche est très risqué. Plusieurs dizaines de migrants meurent chaque année en tentant d'aller en Angleterre en bateau. Ils sont informés des risques, mais ils sont prêts à les prendre. "Pour eux, un jour ou l'autre, ils passeront, c'est leur but ultime. Quand je leur dis qu'ils peuvent mourir, ils me disent 'c'est que Dieu l'aura voulu'", poursuit Mamie charge. Elle se remémore d'un terrible naufrage en octobre. "Il y a dix jeunes qui venaient ici qui sont morts. L'un d'eux, Youssi, savait nager et il a eu la vie sauve grâce à ça. Il me disait 'un tel est mort, lui aussi'. Quand ils se noient, ils ne crient pas "à l'aide", non. Ils crient leur nom pour que ceux qui sont rescapés puissent dire à leur famille qu'ils sont morts en mer", conclut Brigitte Lips. 

L'espoir de ces jeunes, c'est "d'apprendre, ils ont soif d'avoir un métier" et de pouvoir l'exercer en toute liberté. Et Mamie Charge est là pour les accompagner avant ce périple. 

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