"J'y pense très souvent" : à la Teste-de-Buch, 3 ans après l'incendie, le camping des Flots Bleus et la forêt se remettent petit à petit

Tous les Français ont vu les images, impuissants. Il y a trois ans, le 12 juillet 2022 à la Teste-de-Buch, un terrible incendie a ravagé 5.800 hectares de forêts de pins, classées patrimoine mondial, soit 5.800 terrains de football. Trois campings ont été touchés, dont le célèbre camping des Flots Bleus.  

Trois ans après, la vie a repris son cours ici, mais les stigmates sont bien présents. À l'entrée du camping, le poster géant de Patrick Chirac est toujours là. Le camping est au même endroit, au pied de la Dune du Pilat, mais il est tout neuf. Sans arbres autour, il se retrouve en plein soleil, sans ombre pour se protéger. "Nous, on est au milieu de la forêt, alors forcément, on se retrouve un peu tout nus. Le camping a brûlé à 80%, il nous restait la réception, l'épicerie, tout le reste avait brûlé", raconte son directeur, Franck Couderc.

"Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de solidarité"

Pour la première fois depuis l'incendie, le camping affiche complet en juillet et en août. Certains vacanciers sont des habitués et étaient présents lors de l'incendie. "On a vu le feu de loin, on montait sur la Dune avec des gens, on regardait, on voyait la fumée, on a été évacués dans la nuit", explique Hervé, à RTL. 

Pour Évelyne, le souvenir de ces terribles jours reste ancré. "Moi, j'y pense très souvent. On n'y croyait pas, quoi. Trois jours après, on s'est dit, 'c'est pas possible'. Ça me donne des frissons d'en parler." 

Malgré ce traumatisme, ils ont décidé de revenir aux Flots bleus. "On pensait qu'il fallait revenir pour le camping et pour les gens du camping. C'est de la solidarité, en fait", souligne Hervé. Le directeur, lui, ajoute : "Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de solidarité." 

La forêt est morte, il n'y a plus rien

Au total, la reconstruction du camping a coûté plus de 10 millions d'euros au propriétaire. Autour du camping, la forêt n'est plus vraiment une forêt. Cela ressemble plus à de la broussaille, du maquis ou de la garrigue, mais pas une forêt. Trois ans plus tard, il reste surtout des troncs calcinés et de la cendre qui se mêle au sable. La forêt est morte. 

"Vous voyez ici, il y a deux petits pins. C'est quelque chose de catastrophique. Moi, je suis né ici et j'ai tous mes souvenirs. Quand on voit ça maintenant, c'est très triste. On ne peut rien faire", décrit le propriétaire. 

À l'endroit où s'est déclaré l'incendie, causé par le feu d'une camionnette, c'est impressionnant. L'avant/après est saisissant. Avant, on ne voyait pas la Dune du Pilat d'ici, alors qu'aujourd'hui, on la voit bien. "Si on tourne à 360°C autour de nous, on a un paysage assez lunaire. Il y a encore des souches calcinées, quelques pins qui tiennent encore debout, mais pour le reste, tout a été rasé, tout a été calciné. Il n'y a plus rien", déplorent Antoine et Claude, deux propriétaires de parcelles. 

Dans ce nouveau paysage, on voit surtout du sable et un peu de plantes vertes. Il y a des genêts, des fougères, mais pas de pin. "On va peut-être trouver quelques arbres, mais ça doit concerner même pas 1% de la forêt en réalité."

Laisser faire la nature quelques années

Sur les conseils de différents experts, la mairie a décidé de laisser la nature reprendre ses droits quelque temps. Patrick Davet, le maire de la Teste-de-Buch, s'est engagé ensuite à replanter des pins. 

"On a prélevé, après les incendies, sur les pignes, donc le fruit du pain, plus de 1 million de pignons qu'on a stockés. C'est un endroit qui leur permet de tenir et qui nous permettra à un moment de pouvoir replanter. Il y a des endroits où il y a eu beaucoup de reprises et d'autres très peu. On a souhaité, sur une période de 3 à 5 ans, de laisser faire la nature et ensuite, on comblera."

Un chantier colossal vu l'étendue des zones décimées à replanter. Après l'incendie, plus de 600.000 tonnes d'arbres à moitié calcinés ou épargnés par les flammes ont été vendues. Cela a rapporté plus d'un million et demi d'euros à la commune qu'elle va pouvoir réinvestir dans une nouvelle forêt.

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