INVITÉE RTL - Suicide de Lucas : "On ne vit pas, on survit", confie Séverine Vermard, sa mère

Faire de sa douleur un combat. Dans son livre Lucas, symbole malgré lui, paru aux éditions HarperCollins, Séverine Vermard raconte un drame familiale : le suicide, à 13 ans, de son fils Lucas, le 7 janvier 2023.

"C'est ma petite fille de 4 ans qui, en rentrant de son cours de danse, l'a découvert. Ça a été le pire jour de ma vie et depuis, chaque jour, ce sont les pires jours de ma vie parce que je dois surmonter ça, indique-t-elle péniblement. C'était un petit garçon solaire, joyeux, épanoui à la maison. C'était le rayon de soleil de la famille", confie-t-elle dans Tenaces, un podcast RTL.

Le cauchemar commence en 2022, après un déménagement à Golbey, dans les Vosges. "Il s'est fait insulter dès le départ. Je ne pensais pas que les élèves pouvaient être aussi odieux entre eux. Quand je vois le collège où il était précédemment, jamais de la vie j'aurais pensé que ça arriverait à mon fils, déplore Séverine Vermard. Sale pédé, grosse tapette, sale cassos... Il y a toujours le mot sale. À croire qu'on peut être contaminé. Lui, il l'assumait, il s'habillait comme il le souhaitait, il avait ses converses avec un liseré rose et un petit cœur dessus. Pourquoi, parce qu'il est homo, il est obligé de se faire insulter ? Ça reste un humain. Et Lucas il vivait pleinement sa relation avec son copain."

Le collège est alerté l'année suivante. "J'en ai parlé avec le professeur principal qui a fait son travail, qui a pris ça très au sérieux. Il a envoyé un mail à toute l'équipe pédagogique en disant de faire attention à Lucas, qu'il était victime de moqueries par rapport à son homosexualité et qu'il fallait vraiment prendre ça au sérieux. Il regardait si Lucas allait bien, mais les autres professeurs, non. Parce qu'ils n'entendaient pas ou ils ne faisaient pas attention", regrette cette mère de famille.

Déçue par la justice

Ce drame a laissé Séverine avec une profonde culpabilité. "Pourquoi t'as pas vu en fait ?", se demande-t-elle. Elle n'a, aujourd'hui, qu'un objectif en tête : que justice soit rendue à Lucas, malgré une enquête qu'elle juge bâclée.

"La justice protège les coupables, affirme-t-elle. Elle n'a pas pris en considération le mal-être de mon fils. Nous, les victimes, on se sent plus coupable que les vrais coupables. On a fouillé ma vie de ma naissance à la perte de Lucas et encore après. Je me sentais vraiment jugée. Alors que c'est mon fils qui a souffert, c'est mon fils qui est parti. C'est notre famille qui est détruite."

Ce combat, c'est une raison de plus de me lever le matin

Séverine Vermard

Une épreuve aussi difficile à surmonter pour ses deux autres enfants. "Ma petite va beaucoup mieux. Elle est très bien suivie, elle est très bien entourée. Elle me fait penser à Lucas. Au début, je faisais le transfert. J'ai réussi à faire en sorte de vraiment faire la différence entre Lucas et ma fille. Par contre, le grand, c'est autre chose. Le grand n'a tellement plus confiance en l'institution qu'il a décroché scolairement. Il ne fait plus rien de ses journées. Il n'a plus confiance en personne. Il en souffre de la perte de son frère, et j'espère qu'un jour, il sera à mes côtés à se battre pour ça."

"On ne vit pas, on survit, lance Séverine Vermard. Lucas, je le porterai toujours au plus haut. C'est mon pilier, de toute façon. C'est lui qui m'aide à tenir, c'est mes enfants qui m'aident à tenir. Ce combat, c'est une raison de plus de me lever le matin." Désormais, cette mère espère du changement et des passages à l'action. 

>> Tenaces est un podcast consacré à des femmes qui se sont battues, qui ont osé... C'était impossible, alors elles l'ont fait ! Dans chaque épisode, Anaïs Bouton vous présente une personnalité dont le parcours est puissant, inspirant, original. Tenaces ou l'art de ne jamais rien lâcher.