Les mouvements sociaux s'accumulent, et le gouvernement prépare son chéquier. L'automne 2018 avait été marqué par les "gilets jaunes", un mouvement qui avait débouché sur 17 milliards d'euros d'aides et de baisses ou d'annulations d'impôts. L'automne 2019 s'annonce du même tonneau.
Premier front, les hôpitaux.
L'hôpital public est dans un état de dénuement préoccupant, le mouvement de
grève des urgences dure depuis maintenant des mois, il s'est étendu. Les
réunions vont se succéder jusqu'au milieu de semaine,
où les mesures seront annoncées. Elles s'évalueront en centaines de millions,
peut-être en milliards. Il faut tout à la fois augmenter les personnels et
relancer l'investissement, qui a été stoppé faute de crédits.
La piste de la
restructuration de la dette de l'hôpital a été rouverte, le 17 novembre dernier, par Bruno Le
Maire, ministre de l'Économie. Il y a aujourd'hui une dette de 30 milliards,
dont le taux d'emprunt moyen est de 2,8%, alors que l'État et la Sécu
empruntent à peu près à zéro. Il y a donc là
plusieurs centaines de millions d'euros à gagner, en faisant baisser le prix de
l'emprunt.
Autre piste évoquée, la limitation des exonérations de charges, et la suppression des allocations familiales pour un nombre de foyers aisés plus importants qu'aujourd'hui. Sans compter une augmentation des tarifs de l'hôpital, c'est-à-dire des dépenses de santé. Le plan en préparation devra être significatif.
Deuxième front, les étudiants. Là, c'est plus folklorique. Autant la crise de l'hôpital est le résultat d'années d'incurie où les moyens se sont raréfiés au point de compromettre le bon fonctionnement, autant, pour les étudiants, on tombe sur les fesses quand on entend les revendications, de salaire étudiant par exemple...
Nos jeunes amis oublient que l'université française est déjà quasiment gratuite, au prix d'ailleurs d'une paupérisation problématique, tout comme la sécu étudiante. Ils oublient que les bourses concernent plus de 700.000 étudiants, soit un sur trois, alors que les aides étudiantes comptent pour près de 6 milliards d'euros. Mais, malgré tout cela, il va falloir probablement payer un peu pour calmer le mouvement.
À tout cela s'ajoute le front des retraites. C'est bien sûr le troisième de cette rentrée. Une grève des transports dure commence le 5 décembre, et de nombreuses catégories professionnelles s'insurgent contre un projet de réforme de moins en moins intelligible. Sauf à sortir des dizaines de milliards d'euros de compensations diverses et variées, et à reculer la mise en œuvre de dizaines d'années.
Quand on pense que le projet
initial était destiné à simplifier le système français et à le rendre
auto-équilibré au plan financier, on mesure la dérive de
ce projet abstrait difficilement praticable dans
la réalité. Le gouvernement va bientôt se trouver devant une alternative :
reculer ou payer. Et il va probablement faire les
deux.
Emmanuel Macron l'a dit il y
a huit jours : la règle des 3% de déficit est "d'un autre siècle". Si
c'est pas une autorisation de dépenser, ça y ressemble de près. À sa décharge,
il hérite de problèmes qui lui sont bien antérieurs,
comme l'hôpital, que ses prédécesseurs ont laissé pourrir. Mais cette réforme
des retraites, il est s'est mis la tête dedans tout seul.
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