"C’est du jamais vu depuis 20 ans. Il y a une effervescence à tous les niveaux", explique-t-on en interne à la CGT. La préparation à la mobilisation interprofessionnelle du 5 décembre semble monter en puissance de jour en jour. Au-delà des régimes spéciaux, les responsables syndicaux disent recevoir de nombreux appels du secteur privé.
Chez Force Ouvrière on avance même un chiffre : "dans
le privé, nous espérons un taux de grévistes de 25%. C’est là-dessus
qu’on travaille tous les jours". Les Assemblées Générales, les séances
de tractages devant les entreprises se multiplient. La bataille des réseaux sociaux prend forme également, avec notamment le
#5décembre, régulièrement en tête des hashtags les plus commentés.
Côté
syndical, un recensement est organisé, les remontées
sont nombreuses et évoluent tous les jours. À l’heure actuelle d’après
nos informations, la CGT a déjà relevé des avis d’arrêts de travail dans
plus de 350 entreprises rien que dans le secteur de l’agroalimentaire et du forestier.
Chez Panzani en région parisienne, Bonduelle
dans le Rhône, chez Bigard en Bretagne, Volvic en Auvergne... La
liste s’allonge au fur et à mesure des appels des délégués
vers la confédération.
Après sa rencontre à Matignon le 26 novembre dernier, le numéro
1 de la CGT Philippe Martinez avait évoqué un appel à la grève
intersyndical au sein de l’usine Bosch de Rodez. Devraient s’y ajouter des
mobilisations dans plusieurs usines Michelin, chez
Renault ou encore Peugeot à Sochaux. Rien que dans le secteur de la
Chimie, un responsable explique que 80 entreprises sont déjà concernées
par l’appel à la grève, chez Sanofi au niveau national, ou encore dans
les laboratoires Pierre Favre du Sud de la France.
"On reçoit deux fois plus d’appels que d’habitude émanant du secteur
des entreprises du médicament", précise-t-on.
Enfin,
les organismes sociaux ne devraient pas être en reste.
Dans les Caf, les Carsat, chez Pôle Emploi, les responsables syndicaux
s’attendent "à une mobilisation suivie et qui durerait plusieurs
jours". Même dans le secteur de l’aide à domicile, "des salariés ont
appelé pour savoir comment faire grève".
À destination des salariés qui ne font pas partie d’une organisation syndicale, la CGT a décidé de distribuer un tract sous forme de mode d’emploi pour faire grève. Il y est expliqué qu’il n’est pas nécessaire de prévenir son employeur à l’avance pour faire grève. Chez Force Ouvrière, même constat, on recense des appels à la grève nombreux, principalement "dans la métallurgie, les transports et dans le secteur de l’alimentaire".
Évidemment, au-delà de l’effervescence ressentie, au-delà des appels à débrayer, seul le jour J permettra de savoir si oui ou non les salariés se sont mobilisés. Et si les cadres de Force Ouvrière se demandent déjà "ce qu’on prévoit le 6, le week-end du 7 et surtout, la semaine d’après, à partir du lundi 9 décembre", un responsable du Medef temporise : "On ne voit toujours pas monter de mobilisation dans le privé".
De son côté, Jean-Paul Charlez, le représentant de l’ANDRH (association nationale des DRH) précise que son inquiétude principale, "ce n’est pas une mobilisation forte dans les entreprises, c’est plutôt comment on s’organise pour que nos salariés ne soient pas trop touchés par les grèves dans les transports. Les entreprises sont plutôt en train de voir comment éviter aux gens de venir physiquement travailler ces jours-là".