La grève contre la réforme du bac fait rage en France depuis
trois semaines, perturbant le bon déroulement des épreuves de contrôle continu,
les fameuses E3C. Le ministre de l'Éducation nationale a signalé à l'Assemblée
que "85% des établissements" ne rencontraient aucun problème. Ce qui
fait donc 15% de lycées perturbés. Face à cette situation, de blocages, de violences
et même de menaces, les proviseurs -en première ligne dans leur
établissement- commencent à ne plus savoir quoi faire.
En Île-de-France, la situation est vraiment problématique. Thierry
Sursin, proviseur du lycée Gustave Eiffel à Gagny, a même révélé que les
jeunes étaient allés "jusqu'à construire un mur devant le lycée pour empêcher
l'entrée des élèves". "Ils sont allés chercher des parpaings, du
ciment, et ont construit un mur dans la nuit", a-t-il déclaré, soulignant
le fait que lui et son personnel de direction sont "sans arrêt sous
pression".
Une pression constante et parfois même des manifestations violentes, physiques, voire des menaces. "On ne sait plus trop comment y
répondre", a déploré Marianne Dodinet, proviseure à Paris.
Si le proviseur a un devoir de maintien de l’ordre dans son
établissement, il se retrouve en ce moment face à des décisions très difficiles
à prendre, par craintes, aussi, de représailles. Signaler des faits à la
police, mettre zéro à un élève qui n’a pas de raison valable d’avoir sécher les E3C, reporter les épreuves, demander des sanctions contre des professeurs… Il
faut assumer toutes ces décisions.
"On est dans le stress, dans du trauma. Parce qu'on
vit ça sans arrêt. Ça nous revient à la figure. Les problèmes à traiter avec
les parents, les conflits, avec les élèves, avec les professeurs, entre les
professeurs… cette crise met aussi la salle des professeurs à mal", a
témoigné l'un d'eux.
La situation a atteint un tel niveau que certains assurent
ne plus pouvoir jouer leur rôle et avoir l'impression d'être "le premier
flic" dans leur établissement. Malgré tout, il va bien falloir faire
passer ces épreuves d’ici à début mars… surtout qu'une autre série d’E3C est
prévue en mai.
"On s'en sort toujours dans l'Éducation nationale…
peut-être au risque de notre santé", a signalé une proviseure, qui craint
que beaucoup de ses collègues ne finissent par faire un burn-out. Certains ont
même déjà "exprimé le souhait de changer de métier".