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Féminicides : pourquoi les chiffres diffèrent entre les décomptes

ÉCLAIRAGE - Le ministère de l'Intérieur parle de 146 meurtres de femmes au sein du couple en 2019, contre 152 pour un collectif féministe et "au moins 126" selon l'AFP. Pourquoi cette différence ?

Un manifestant brandit une pancarte "Stop Féminicides" à la marche contre les violences faites aux femmes samedi 23 novembre.
Crédit : DOMINIQUE FAGET / AFP
Coline Daclin
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Le nombre de féminicides en France a de quoi inquiéter. Lundi 17 août, le gouvernement a communiqué son décompte pour l'année 2019 : 146 femmes seraient mortes, tuée par leur partenaire ou ex-partenaire. C'est un chiffre en augmentation, en 2018, il en avait recensé 121.

Mais tous les décomptes qui existent sur le sujet ne donnent pas les mêmes chiffres. Selon le collectif Féminicides par compagnon ou ex, 152 femmes auraient été tuées en 2019. En janvier dernier, l'Agence France Presse (AFP) tablait quant à elle sur "au moins 126 cas".

Mais pourquoi une telle différence ? Chacun a sa façon de compter. Le collectif Féminicides par compagnon ou ex est composé de militantes féministes. Ses membres lisent tous les jours les articles des médias nationaux et locaux et y recensent tous les meurtres de femmes dans le cadre conjugal.

Le collectif signale sur ses réseaux sociaux les cas présumés de féminicides avant toute décision de justice ou preuve irréfutable de la culpabilité du conjoint ou de l'ex-conjoint. Cela se justifie par l'objectif de Féminicides par compagnon ou ex, qui est avant tout d'alerter sur ce phénomène et de montrer qu'il est massif. 

L'AFP reste prudente, et affiche un chiffre au bas mot

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En revanche, l'AFP, en tant qu'agence de presse, est beaucoup plus prudente. Elle ne peut pas se permettre de relayer de simples soupçons. C'est pour cette raison que ses chiffres sont beaucoup moins importants et qu'elle utilise l'expression "au moins" 126 décès. Pour classer un meurtre comme féminicide, les journalistes de l'AFP contactent les services de police et de gendarmerie, des magistrats, des avocats, des maires ou des proches des auteurs et victimes.

L'AFP écarte aussi les cas où la volonté de mourir était partagée et prouvée par l'enquête, notamment en cas de vieillesse ou de maladie. Et ce même si dans la grande majorité des cas c'est l'homme qui tue la femme avant de se suicider, reconnaît l'AFP. Une pratique que dénonce le collectif Féminicides par compagnon ou ex.

Enfin, l'AFP garde également un certain nombre de cas (une douzaine en 2019) "en attente" parce que la complexité de l'affaire ou son caractère trop récent, font que les enquêtes n'ont pas encore permis de démontrer qu'il s'agissait bien de féminicides.

L'étude du ministère de l'Intérieur, plus longue

Quant au ministère de l'Intérieur, il se base sur les travaux de la délégation aux victimes (DAV), une structure commune à la police et à la gendarmerie. La DAV recense les affaires enregistrées par les forces de l'ordre et consulte les statistiques des associations de victimes. Elle adresse ensuite aux services d'enquêtes un questionnaire pour se renseigner notamment sur la nature des faits et le mobile, ou encore l'existence au préalable de violences dans le couple. C'est pour cette raison que les chiffres arrivent plus tardivement : en août 2020 pour l'année 2019, alors que les chiffres de l'AFP sont sortis en janvier 2020, et que ceux du collectif Féminicides par compagnon ou ex sont publiés au jour le jour.

La DAV retient les homicides et coups et blessures volontaires suivis de mort. Elle fait en parallèle un décompte des tentatives d'homicides au sein du couple : elle en a recensé 268 en 2019, mais ne différencie pas les tentatives faites sur des femmes de celles faites sur des hommes.

Quelles que soient les sources, toutes s'accordent sur le fait que le nombre de féminicides est en hausse en 2019. On remarquera également que les chiffres des militantes sont finalement très proches des chiffres officiels. En revanche, le ministère ne parle pas dans son étude de "féminicide" car le mot n'existe pas dans le Code pénal.

À ce jour, pour l'année 2020, le collectif Féminicides par compagnon ou ex a déjà compté 58 féminicides, et l'AFP "au moins 46".

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