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Émeutes : "Nous n'avons pas été soutenus par l'État", déplore la DRH d'une entreprise détruite à Roubaix
REPORTAGE - Une semaine après les violences urbaines qui ont émaillé le pays à la suite de la mort du jeune Nahel, l'entreprise de traitements de données Tessi à Roubaix cherche à maintenir une activité pour ses salariés. Le site, complètement détruit dans un incendie volontaire, employait 500 personnes, la plupart issues du quartier populaire de l'Alma.
Fouad, responsable des services généraux Tessi, devant les bureaux détruits
Crédit : Franck Antson / RTL
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L'odeur de brulé est encore prégnante dans cette rue de l'Alma. Au pied des bâtiments calcinés, des tas de briques jonchent le sol. Devant ces anciens entrepôts de la Redoute transformés en un site moderne de traitement de données, Fouad, un des collaborateurs de Tessi est "dépité". "Après l'incendie qui a tout détruit, les bureaux ont encore été pillés, raconte-t-il. D'autres personnes sont venues récupérer des cloisons, du métal, tout ce qui n'avait pas brûlé, certains ont même jeté des radiateurs du troisième étage sans que personne ne leur dise rien !". Ce responsable des services généraux a grandi à Roubaix : "Cela m'écœure parce qu'on faisait vivre le quartier".
Une partie des 500 collaborateurs roubaisiens a été mise en télétravail ou placée chez des clients, banques, assurances ou entreprises, qui ont proposé des locaux. "L'enjeu majeur est de faire redémarrer l'activité. Les services informatiques ont préparé des ordinateurs pour les remettre aux salariés" souligne Aline Gerelli, Directrice des Ressources Humaines du groupe Tessi. 200 personnes environ restent au chômage partiel dont une bonne partie de femmes. "Une solidarité s'est mise en place entre collaborateurs et avec nos clients, souligne Cécilia, directrice du site roubaisien. Mais nous n'avons pas été soutenus par l'État. Nous sommes une grosse entreprise en France, le Président a reçu les maires, nous n'avons même pas eu un coup de fil des autorités".
Ces dirigeants espèrent un soutien notamment pour faire avancer les dossiers de chômage des employés. L'entreprise avait choisi de s'implanter dans ce quartier en difficulté et de recruter en majorité la population locale. Le groupe qui compte 13.000 collaborateurs dans le monde était locataire des locaux, mais les dégâts se chiffrent à plusieurs millions d'euros, avec le matériel informatique, des machines modernes, qui a été détruit.
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L'entreprise Tessi détruite après un incendie volontaire. Des individus sont même revenus piller ce qui n'avait pas brûlé.
Crédits : Franck Antson
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Le site Tessi en flammes le matin du 30 juin après une nuit d'émeutes à Roubaix
Crédits : Franck Antson
"Cela salit encore plus la réputation du quartier"
Une habitante roubaisienne
Le quartier de l'Alma, déjà en difficulté, pourrait pâtir de l'arrêt de cette entreprise. De jeunes habitantes s'arrêtent devant les ruines : "Je voulais y travailler, j''étais motivée, c'est triste ce qu'ils ont fait", regrette Salma, une étudiante. Son amie, Christine, s'inquiète aussi des conséquences : "C'est un beau gâchis, cela pourrait décourager d'autres entreprises de venir dans le secteur. Cela salit encore la réputation du quartier !".
Dans la nuit de jeudi au vendredi 30 juin, des scènes de chaos et de violences urbaines ont touché plusieurs quartiers de Roubaix. Un groupe d'une quarantaine d'individus, selon des témoins, aurait pénétré dans les locaux de Tessi pour y jeter des cocktails molotov et détruire le matériel. La Police Judiciaire de Lille est chargée de l'enquête. Pour l'instant aucun suspect n'a été interpellé. Les dirigeants de Tessi espèrent malgré tout reconstruire dans le Nord.
