Quitter X pour Bluesky : comment bien débuter sur le réseau social qui attire les nostalgiques de Twitter

C'est la plateforme qui monte depuis l'annonce de la réélection de Donald Trump. L'application Bluesky connaît un pic de popularité inédit ces derniers jours.  Dans une moindre proportion que Threads, dont les liens avec Instagram et Meta ont l'avantage de faciliter l'acquisition de nouveaux utilisateurs, et loin d'un exode massif qui verrait X déserté de ses twittos, des millions d'internautes sont allés voir si l'herbe était plus verte sous le "ciel bleu" après les élections présidentielles américaines.

Plus de 700.000 utilisateurs avaient rejoint Bluesky dans la semaine suivant le 6 novembre. Quelques semaines plus tôt, la plateforme avait déjà gagné 2 millions de nouveaux inscrits après la suspension de X au Brésil. Le réseau social créé par le cofondateur de Twitter Jack Dorsey a dépassé les 20 millions d'utilisateurs ce mardi. Il accueillerait actuellement près d'un million de nouveaux abonnés par jour. 

Plus encore que Threads, dont l'interconnexion à Instagram en fait un réseau davantage porté sur les anecdotes personnelles et l'autopromotion, Bluesky apparaît comme la plateforme la plus à même de répondre aux aspirations des déçus de X et de son utilisation politique par Elon Musk pour peser dans la campagne américaine. Depuis le rachat de Twitter par le milliardaire au printemps 2022, de nombreux utilisateurs ne supportent plus la place prise dans leurs fils d'actualité par les bots, les comportements toxiques, la désinformation et les publicités et cherchent un réseau social plus modéré pour suivre et commenter les affaires du monde.

Lancé de façon indépendante en 2021 après avoir été imaginé comme une alternative décentralisée à X, Bluesky lui oppose aujourd'hui un environnement pacifié, où les conversations se déroulent sans agressivité sur des fils d'actualité dénués de publicité. Les internautes y ont la main sur les contenus qu'ils souhaitent voir. Les messages, appelés les "skeets", s'affichent de façon chronologique et ne sont pas triés par de puissants algorithmes de recommandation comme ceux qui amplifient les tweets clivants sur X. 

Extensions, starters packs et outils de modération

Malgré ces qualités, quitter X pour Bluesky peut sembler décourageant de prime abord. Même si elle commence à fédérer des communautés autour de certaines thématiques, l'application est encore loin du dynamisme et de la profusion de contenus que l'on trouve sur X. Cela revient à repartir de zéro, à renoncer à l'effet de réseau et à certaines habitudes numériques. Cela dit, des outils peuvent faciliter la migration vers la plateforme. Des extensions, comme Sky Follower Bridge, à installer sur les navigateurs Google Chrome, Microsoft Edge et Firefox permettent de récupérer la liste des comptes que vous suiviez sur X pour les retrouver sur Bluesky en quelques clics. Il suffit de créer un mot de passe, de connecter son compte X et d'ajouter l'extension pour récupérer la liste des comptes qui ont migré sur "ciel bleu".

Pour faciliter l'intégration des nouveaux arrivants, des utilisateurs de Bluesky ont également créé des "starters packs", des guides de bienvenue, mettant en lumière des listes d'utilisateurs à suivre en fonction des centres d'intérêts. En tapant "starter pack" suivi d'un thème, les nouveaux inscrits peuvent découvrir du contenu rapidement sans avoir à chercher manuellement les comptes ou des discussions.

Encore limitée il y a quelques semaines, l'application Bluesky a aussi gagné lors de ses dernières mises à jour plusieurs fonctionnalités qui faisaient défaut aux habitués de X. Les utilisateurs peuvent désormais personnaliser leurs fils d'actualité en créant des flux dédiés à certaines thématiques à la manière des listes Twitter. Il est possible de choisir quel fil d'actualité s'affiche en priorité à l'ouverture de l'application et d'afficher ou non ces fils sur son profil public. 

Les nouveaux utilisateurs de Bluesky apprécient aussi ses outils de modération plus efficaces que X. Un système d'étiquettes permet d'attribuer des tags à des contenus ou des utilisateurs pour permettre aux autres usagers de s'y abonner, de les filtrer ou de les signaler. La plateforme dispose aussi d'outils pour contrer les comportements toxiques. Lorsqu'un compte est bloqué, toutes ses traces disparaissent, contrairement à X. Il est aussi possible de décider de détacher un "skeet" d'une citation pour éviter que des comptes le citent afin de s'en moquer, comme c'est souvent le cas dans les processus de cyberharcèlement.

Une simple bulle Bluesky ?

Bluesky offre aussi plus de latitude sur le plan technique. La plateforme est conçue selon une architecture décentralisée open source qui doit permettre aux utilisateurs de contrôler leur expérience des réseaux sociaux. À terme, ils pourraient être en mesure de choisir comment ils souhaitent que les algorithmes trient les contenus sur leur fil d’actualité, leurs règles de modération et déplacer leur compte vers d’autres applications sociales sans perdre leurs abonnés et leurs publications.

Reste à savoir si la promesse portée par ces outils résistera à la montée en charge provoquée par l'afflux de nouveaux inscrits. Et surtout si la dynamique dont bénéficie la plateforme s'inscrira suffisamment dans la durée pour qu'on ne parle pas dans quelques semaines d'une simple bulle Bluesky, comme Internet sait en créer.

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