La situation s'est sensiblement détériorée, et en valeur absolue, et par rapport à nos voisins européens, selon l'audit sans fioritures de la Cour de Comptes, présidée par Pierre Moscovici. L'épidémie a joué un rôle important dans l'augmentation du déficit avec les aides aux entreprises et aux ménages, ainsi que les dépenses de santé, les vaccins, les tests, etc. Il serait pourtant imprudent se rassurer à si bon compte.
Car le texte des magistrats de la Cour pointe le vrai problème : en dehors même de ces dépenses non récurrentes liées à la crise sanitaire, le déficit français s’est détérioré. C’est ce qu’on appelle le déficit structurel, indépendant et des accidents et des surprises de la conjoncture. Ce déficit structurel atteint aujourd’hui 5% du PIB, c’est deux fois plus qu’il y a trois ans.
Le déficit s'est dégradé pour deux raisons toutes simples : derrière l’écran du quoi qu’il en coûte, on a programmé tout d’abord des dépenses pérennes, comme celles du Ségur de la santé, qui a vu l’augmentation des traitements des professions de santé. Des baisses d’impôts ensuite, tout aussi pérennes, non financées par des économies, la baisse des impôts de production par exemple, ou la disparition progressive de la taxe d’habitation pour les Français qui la payent encore.
Se pose alors la question de la récente augmentation des infirmiers et infirmières. En prévoyant les financements correspondants, il aurait fallu réaliser des économies ailleurs, ce qui n’a pas été fait. Ces dépenses ne sont pas exceptionnelles, elles reviendront tous les ans. Faites ainsi, elles détériorent donc les fondamentaux français. Rien que pour le Ségur, il y en a quand même pour dix milliards. Et c’est davantage pour les baisses d’impôts.
D'autres pays européens pourront servir d'exemple. Il y a désormais deux groupes de pays en Europe. Les
trainards, Belgique, Italie, Espagne et France, avec dette élevée, de l’ordre
de 120% du PIB, et déficit creusé, environ 5% du PIB. Et de l’autre les ceux
qui ont redressé la barre, Allemagne, Autriche et Pays-Bas, avec quasiment deux
fois moins de dette, 60 à 80%, et deux fois moins de déficit, 3% seulement.
Incroyable écart, qui met en péril la stabilité économique et politique de la
zone euro.
Un écart qui s’est en fait élargi. La Cour rappelle ainsi qu’en 2006, il y a quinze ans, les dettes françaises et allemandes étaient identiques, mesurées en pourcentage de la richesse nationale. Les trois mandats Sarkozy, Hollande et Macron ont fait diverger la France.
L’actuel Président laisse donc à son successeur un bilan dégradé.
Certes, il est possible que ce successeur ne soit autre que lui-même. Mais quel
que soit le résultat de l’élection, si l’on veut retrouver une trajectoire
soutenable à horizon 2027, il va falloir faire neuf milliards d’économies
supplémentaires par an. Cela suppose de maîtriser les dépenses de façon bien
plus stricte que tout ce qui a été fait depuis dix ans. Bon courage.
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