ÉDITO - GPA : "On n’est pas obligé d’être pour ou contre de manière agressive", plaide Alba Ventura

Jeudi 25 avril, le Parlement européen a dénoncé "l'exploitation" de la gestation pour autrui, ciblant les personnes qui "forcent les femmes à être mères porteuses ou qui les amènent à agir ainsi par la ruse". Avant cela, c'est Marion Maréchal qui s'en était pris vertement aux couples qui y ont recours.

La GPA reste interdite en France, mais le débat réapparaît. On adore les débats, mais on débat mal : on est immédiatement dans l'invective, l'hystérie.

Il n’y a qu’à voir la réaction de Marion Maréchal devant l’annonce de la naissance des jumeaux du créateur de mode Simon-Pierre Jacquemus, qui est homosexuel. Marion Maréchal a d’abord fait un tweet pour demander : "Où est la maman ?", puis elle a qualifié la pratique de la GPA de "monstrueuse et honteuse".

Elle a parfaitement le droit d’être "contre", comme le président de la République qui s’est, lui aussi, toujours opposé à la GPA, mais on n’est pas obligé de le dire comme ça. Parce que quand elle dit "monstrueux", ce n’est pas que la GPA qu’elle vise, ce sont les homosexuels ! 

La GPA au Parlement européen

Hier, une directive du Parlement européen a reconnu l'exploitation de la GPA dans la traite des êtres humains. Cela peut surprendre, si on ne lit pas bien l’intitulé de la directive... J’ai vu passer de nombreuses réactions de joie quasiment pour dire "ça y est l’Europe reconnait que la GPA s’inscrit dans le trafic d’êtres humains" ... bonjour les dérives !

Cette directive n’est pas là pour parler du principe de la gestation pour autrui, elle est là pour protéger les femmes qui seraient forcées à être des mères porteuses. C’est le fait d’exploiter des femmes qui est dénoncé par le Parlement européen. Cela s’inscrit désormais dans la traite des êtres humains, au même titre que les mariages forcés, la prostitution forcée ou l’esclavage.

Attention, je ne suis pas en train de légitimer la GPA. Je dis simplement que c’est un débat compliqué, qui interroge, l’éthique, l’intime, la morale, la religion.

Je suis convaincue que les homosexuels qui veulent des enfants, ce n’est pas un caprice. En même temps, je trouve qu’il y a une injustice entre ceux qui peuvent financièrement faire cette démarche et ceux qui n’ont pas suffisamment d’argent. Mais je crois que l’on peut parler de tout ça plus sereinement, d’autant qu’on le répète, cela reste interdit en France et la légalisation n’est pas du tout à l’ordre du jour.

Débattre sereinement

Les clivages sont plus forts que pour "le mariage pour tous" ou la "PMA pour toutes". Même à gauche que l’on dit plus "progressiste", il y a des antagonismes. Par exemple, il y a des féministes qui sont pour la GPA et des féministes qui rejettent la marchandisation du corps de la femme.

Il y en a qui plaident pour une "GPA éthique" où les parents, la mère porteuse sont reconnus de la même manière, et d’autres qui trouvent de toute façon insupportable la séparation de l’enfant à sa mère biologique.

Ces débats existent partout en Europe. Il y a des pays qui l’autorisent comme le Danemark, la Grèce, les Pays-Bas, c’est très encadré. La Roumanie, autorise même la rémunération. Il y a des pays où il y a ni autorisation ni interdiction, comme en Irlande ou en Slovaquie et en Pologne. Tous les cas de figure existent.

Simplement, on n’est pas obligé d’être pour ou contre de manière agressive. Et on est encore moins obligé de stigmatiser les homosexuels. Est-on même obligé d'être pour ou contre ?

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