ÉDITO - Éducation nationale : "C'est une révolution qu'on attend, pas des réformettes", estime Isabelle Saporta

Vous savez combien il y a eu de ministres de l’Éducation nationale sur la seule année 2024 ? 5 ! Sauf que moins ils durent ces ministres, et plus ils essaient d’imposer des petites réformettes. Et Madame Borne, la dernière ministre en date, ne fait pas exception. Tout ça j’en suis certaine, pour rendre fou les professeurs, les élèves et leurs parents.

Petit résumé. Le brevet, cet examen qui devait devenir un couperet pour le passage en seconde, redevient un faux examen qui ne sert à rien. Les groupes de besoin qui viennent juste d’être créés pour améliorer le niveau des élèves et qui devaient être étendus à tout le collège, vont être réévalués. Autant dire qu’ils sont en soins intensifs. 

Ce n’est pas fini. Comment on anticipe les questions démographiques ? Il n'y aura pas loin de 100.000 élèves de moins en 2025. On réduit le nombre de profs ? On fait des classes moins surchargées ?  Navigation à vue. Un coup de barre dans un sens, un coup dans l’autre. On supprime 4.000 postes de profs puis on les maintient sans trop savoir ni où ni pourquoi faire.

Le meilleur pour la fin. La ministre relance le débat bien démagogique sur les vacances d’été des élèves et des professeurs. Trop longues bien sûr. Alors qu’on sait tous pertinemment que l’industrie du tourisme ne veut pas qu’on y touche. Alors pourquoi faire semblant ? 

Les faillites d'un système

C’est une révolution qu’on attend, pas des réformettes. On n'a jamais eu autant besoin d’ingénieurs, mais on est nuls en maths. Chat GPT écrit des poèmes dignes de Prévert à la place des élèves. Mais on regarde ailleurs. Or, non hélas, tous ne sont pas subitement devenus des génies littéraires. 

L’école prépare nos gamins à des métiers qui n’existeront plus dans 5 ans. Le pire c’est que les profs sont les premiers conscients de ces faillites du système. À votre avis pourquoi on n'arrive plus à recruter des profs malgré leurs prétendues vacances fantastiques vantées par Madame la ministre ?

Mais il est certain que pour penser l’apprentissage de l’intelligence artificielle à l’école, pour en faire des génies en maths et redonner l’envie aux profs, il faudrait que les ministres restent un peu plus de trois mois en poste.