ÉDITO - Cycliste tué à Paris : "Comment en est-on arrivé là ?", s'interroge Isabelle Saporta
Jeudi 17 octobre, Isabelle Saporta revient sur la mort d'un cycliste, tué par un automobiliste après une altercation mardi soir à Paris. L'automobiliste a vu sa garde à vue prolongée de 24 heures.
Mais où on est ? Où on est ? Comment en est-on arrivé là ? Y a un maillon dans l’évolution de l’espèce qui a bugué et qui nous a fait régresser au stade de primates haineux ?
Le conducteur était avec sa fille dans la voiture. Il a roulé sur le pied du cycliste et l’a fait tomber. Le cycliste, Paul, par réflexe, par trouille, a hurlé sur le chauffard et tapé sur sa précieuse bagnole. Puis c’est l’engrenage, les invectives, le ton qui monte. Le chauffard qui roule sur Paul. Le fait-il sciemment sous le coup de la colère ? Fait-il une manœuvre maladroite comme il le prétend ? Le résultat est le même. Un jeune homme de 27 ans est mort.
Ça ne peut pas être ça le monde dans lequel on vit. Un monde où chacun devient un prédateur pour l’autre. Le camion qui déteste la voiture qui exècre la moto qui méprise le scooter, qui se méfie du vélo qui ne supporte plus le piéton.
Le piéton, c’est la dernière roue du carrosse. Celui qui a à peine le droit de marcher entre une voiture et un camion garés sur le trottoir, en priant pour éviter les vélos qui roulent aussi sur le trottoir. Comme les scooters d’ailleurs, parce que c’est tellement plus simple de remonter la rue à contresens sur le trottoir plutôt que de faire un détour pour respecter le Code de la route.
Alors, comment faire pour que tout le monde cohabite pacifiquement ? Toutes les villes nous rebattent les oreilles avec leur plan de partage de la chaussée en bienveillance et courtoisie. Mais on n'en a plus rien à cirer de la bienveillance. On ne se respecte plus.
Ça me fait penser à cette chanson d’Albert Vidalie, interprétée par Serge Reggiani : "Les loups sont entrés dans Paris". Aujourd’hui, ces loups, c’est nous. Et comme le dit la chanson, on ne sortira de la violence que lorsque l’on aura retrouvé l’amour et la fraternité. Une fraternité qu’on a touchée du doigt hier soir lors du rassemblement qui s’est tenu à la Madeleine à Paris en la mémoire de ce jeune cycliste.
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