D'un côté l'électrique et de l'autre le thermique. Renault veut développer l'électrique et améliorer ses performances. Des investissements considérables sont nécessaires, tous les constructeurs sont concernés. C’est indispensable, les véhicules électriques seront les seuls autorisés à la vente en Europe en 2035. En constituant une entreprise spécifique pour ces nouvelles voitures, Renault espère attirer plus facilement les investisseurs, aujourd’hui rebutés par le moteur thermique, qu’ils considèrent comme une technologie dépassée.
L’intérêt de cette décision est double. Le groupe veut attirer davantage les capitaux, c’est certain. Un peu comme l’a fait Tesla, 100% électrique, ou encore Pole star, une filiale de Volvo, elle aussi intégralement électrique. L'autre avantage, en créant cette nouvelle entreprise, nommée Ampère, c'est que Renault peut associer au capital des partenaires correspondant à ses besoins. C'est le cas de la société américaine Qualcomm qui fabrique les logiciels nécessaires à la conduite. Ampère pourra récupérer à la fois de l’argent et de l’expertise, deux atouts pour aller plus vite dans la course de vitesse sur les nouveaux véhicules. Ces partenaires n'auraient pas pu venir au capital de l'actuel Renault à cause du thermique. Dans une société 100% électrique, ils sont partants.
Si les voitures à essence sont interdites à la vente en Europe à partir de 2035, ça ne sera pas le cas dans les autres régions du monde, notamment dans les marchés émergents. L'autre société constituée par Renault, Horse, va regrouper toutes les activités liées à la fabrication du moteur à essence. Là encore, l’intérêt est d’associer des partenaires, le Chinois Geely au premier chef.
Les Chinois sont une menace pour les constructeurs européens. Ils sont devenus très bons. Il vaut mieux les avoir avec soi que contre soi, on imagine que c’est ça le pari de Renault. Déjà propriétaire de Volvo, Geely, le seul constructeur privé chinois, est l’un des plus performants et va permettre à Renault d’accéder au marché de l’empire du Milieu. À terme, Aramco, la grande compagnie pétrolière saoudienne, pourrait rejoindre le tandem au capital de Horse. La marque pourrait lui faire profiter non seulement de son argent, mais aussi de ses recherches dans les nouveaux carburants alternatifs.
Nissan, allié historique de Renault, sera dans l'affaire d'une façon ou d'une autre. L'entreprise japonaise pourrait prendre 15% au capital d'Ampère. Mais il faut qu’aboutisse d’ici là une autre négociation, très importante, sur le rééquilibrage des participations croisées des deux constructeurs. Aujourd’hui, Nissan possède 15% de Renault, mais sans droits de vote. De son côté, Renault possède 43% de Nissan, mais ne peut absolument pas interférer dans la gestion du Japonais, en vertu d’accords signés par la précédente direction. Une situation frustrante des deux côtés.
Commentaires