"Des individus armés, équipés, aguerris" : le patron du RAID explique pourquoi son unité est davantage mobilisée contre le grand banditisme

Une attaque terroriste, une crise à l’autre bout du monde ou des émeutes en banlieue parisienne… Pour ce genre d’interventions, le RAID est appelé. Depuis quarante ans, les hommes hyper entraînés du RAID, aussi bien négociateurs que spécialistes de l’assaut, sont sur le front des événements les plus dangereux. Mais au fil des ans, "la donne a changé".

Invité du 20.10 sur M6 ce dimanche 28 septembre, Guillaume Cardy patron du RAID, évoque auprès d'Anne-Sophie Lapix "la multiplication des armes et l’évolution du grand banditisme" qu'il a pu constater au sein du RAID. Ses équipes partagent leur temps entre les interpellations de forcenés à domicile - près de 800 par an -, le terrorisme (15% de l’activité), les stupéfiants (environ 20%), mais aussi la gestion de crises de haute intensité et les prises d’otages.

"On a libéré 450 otages en dix ans, ce n'est pas rien ! ", rappelle-t-il avant d’évoquer des interventions de plus en plus fréquentes contre un grand banditisme en mutation. "Le plus souvent, maintenant, on trouve des armes, comme des kalachnikovs, des armes de guerre, sur les interpellations", reconnaît-il.

On est confronté à des individus de plus en plus armés, de plus en plus équipés, qui sont aussi en capacité de prendre des mesures de surveillance autour de leur domicile pour se protéger contre les interventions de police

Guillaume Cardy, patron du RAID, sur M6

Il assure que lors ce type d'intervention, ses hommes sont aussi plus souvent visés par des balles. "Sur le premier trimestre 2025, par exemple, (...) dans le cadre d'une filière d'immigration clandestine, j’ai un fonctionnaire qui a été pris dans une fusillade et qui a été blessé sérieusement à la jambe."

Autre phénomène : là où, autrefois, police ou gendarmerie géraient seules les interventions, désormais c’est directement le RAID qui est sollicité.

"Effectivement, non seulement on est confronté à des individus de plus en plus armés, de plus en plus équipés, aguerris aussi, mais qui sont aussi en capacité de prendre des mesures de surveillance autour de leur domicile pour se protéger contre les interventions de police", affirme encore Guillaume Cardy. Des suspects parfois mieux armés que les policiers du quotidien, contraints de passer la main à cette unité spécialisée.

Guillaume Cardy, héros discret du Bataclan

Le patron du RAID se souvient aussi des épisodes les plus marquants de sa carrière. Parmi eux, l’épisode de Hyper Cacher, en 2015. "Une prise d'otages spectaculaire avec 17 personnes qui ont été retenues par un terroriste, avec un risque explosif majeur, dans une période qui était très sombre pour la France, et l'unité d'intervention du RAID était particulièrement mobilisée pour sauver des vies humaines ce jour-là", se rappelle-t-il.

Héros discret, comme ses équipes qui avancent masquées, Guillaume Cardy fut aussi l’un des premiers policiers à entrer au Bataclan il y a dix ans. Ce soir-là, il a neutralisé l’un des terroristes. Il avoue avoir cru mourir, mais préfère ranger ce souvenir traumatisant au rayon du passé : "Il faut tourner la page. La vie reprend son cours et puis il faut aller de l’avant."

Et de conclure, comme un mantra : "On cherche à servir, c’est notre devise, servir sans faillir. Donc c’est notre objectif : le dévouement. On est là pour ça."

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