A la découverte de la face cachée de la Une. Ce mercredi vous nous conseillez d’ouvrir Paris Match, où l’on nous parle d’une curieuse maison de retraite pour éléphants. Cela commence un peu comme une de vos blagues préférées. C’est l’histoire de deux Belges qui veulent ouvrir un refuge pour éléphants dans le Limousin.
Pas la peine de chercher un jeu de mots, c’est très sérieux sauf que quand le couple est arrivé sur place, le maire du village, lui aussi, s’est demandé si on lui faisait pas une blague. Il faut bien reconnaître que sur le papier, c’est une drôle d'idée. Des sanctuaires pour pachydermes, il en existe évidemment déjà en Afrique, en Asie ou aux Etats-Unis, mais aucun en Europe.
Alors vous allez me dire : mais pourquoi le Limousin ? C’est vrai qu’on est plus proche de l'herbe à vaches que de la jungle et de la savane. Et pourtant, selon ces deux Belges, la région offre le cocktail idéal : climat adéquat, environnement paisible, végétation abondante et surtout beaucoup d’espace…
Au départ, on les a pris pour des fous. Mais Tony et Sofie s’y connaissent un petit peu, avant de tout plaquer pour décider de dorloter des éléphants, ils étaient tous les deux soigneurs au Zoo d’Anvers. Leur objectif, recueillir les pachydermes vieillissants des cirques et des zoos. Et c’est donc à 40 kilomètres de Limoges qu’ils ont trouvé leur bonheur au bout d’un chemin : 29 hectares de vert, à perte de vue, une source d’eau fraiche, des étangs. Ce sera leur coin de paradis, baptisé "Elephant Haven", le Havre des Éléphants…
Un refuge pour chats, pour chiens ou pour furets d’accord. Mais les pachydermes, au sens propre comme au sens figuré, ça ne rentrait pas vraiment dans les cases de l’administration française. Il a fallu se mettre d’accord avec les services vétérinaires, la préfecture, la gendarmerie, les pompiers. Le point le plus sensible évidemment c’est tout ce qui touche à la sécurité, si on peut éviter que les voisins se retrouvent avec un éléphant dans le jardin.
Et puis en 2017, deux ans plus tard, ça y est. Tony et Sofie ont le droit d’accueillir trois pensionnaires. Mais tout reste encore à faire. Il faut construire une étable, avec des radiateurs (l’hiver peut être rude dans le Limousin), 320 tonnes de sable ont également été amenées sur place. Il y a même une porte spéciale pour que les pensionnaires puissent sortir quand ils le veulent.
Coût du projet : un million d'euros, financé grâce à des dons du monde entier et notamment de la fondation Brigitte Bardot. Un éléphant, ça coûte énormément. Comptez près de 100.000 euros par an de soins et de nourriture. Bref en 2020, la maison de retraite idéale est prête, mais les pachydermes se font encore attendre.
Après plusieurs espoirs déçus, c’est finalement la semaine dernière que Gandhi est arrivée. Une femelle originaire d’Asie. Espérance de vie 55 ans, elle en a 52. Cela fait plus de 20 ans qu'elle était hébergée au zoo de Pont-Scorff, en Bretagne. En difficulté, le site était resté à l’abandon plusieurs mois, laissant ses 300 animaux hagards. Une absence de soins qui peut être mortelle, notamment pour les éléphants.
C’est justement l’une des espèces qui demande le plus de stimulation en captivité. Il faut compter un soigneur spécialisé par individu, et inventer tout le temps des jeux complexes pour le divertir, cacher sa nourriture. Pour l’éléphant, créature trop intelligente, l’homme doit se creuser la tête. En quelques jours passés dans le Limousin, Gandhi a déjà commencé à reprendre des couleurs, grâce aux attentions de nos deux Belges, qui lui ont installé son jouet préféré, un ballon jaune. Postée près de la porte de son étable, elle observe encore timidement la campagne qui s’étend à perte de vue.
A terme, le sanctuaire prévoit de recevoir quelques visiteurs et des groupes d’écoliers, mais n'espérez pas approcher les animaux. Leur tranquillité est sacrée. Gandhi devrait bientôt se trouver des nouveaux copains. Alors que 72% des Français ne veulent désormais plus voir d’animaux sauvages dans les cirques, le gouvernement planche sur une interdiction. Nos deux soigneurs belges pourraient bientôt devoir construire des nouvelles étables pour chouchouter encore plus de pensionnaires.
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