Colère agricole : Gabriel Attal, Marc Fesneau et Christophe Béchu en Haute-Garonne vendredi pour de "premières mesures"

L'heure des premières annonces approche. Selon des sources concordantes, le Premier ministre Gabriel Attal et son ministre de l'Agriculture Marc Fesneau vont se rendre en Haute-Garonne vendredi 26 janvier. De même source, on indique qu'ils annonceront "des premières mesures de court terme" pour répondre à la crise agricole en cours. 

Selon les informations de RTL, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sera aussi présent lors de ce déplacement. Ce dernier aura lieu dans l'après-midi, vendredi. Le lieu précis du déplacement n'est pas, à ce stade, connu. D'après nos informations, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et son homologue de la Transition écologique doivent encore échanger entre eux ce jeudi soir avant la présentation des premières annonces en Haute-Garonne.

Quelle situation sur les routes ?

Plusieurs axes routiers perturbés, des centrales d'achats bloqués... Jeudi 25 janvier, les blocages des agriculteurs continuent de s'intensifier partout en France. L'A13 en Normandie, l'A1 au sud de Lille ou le péage de Béthune, sur l'A26 : plusieurs axes routiers stratégiques sont occupés par les agriculteurs en colère. En tout, des actions sont en cours dans 85 départements ce jeudi. Les agriculteurs ont organisé 77 points de blocage jeudi un peu partout en France, selon un décompte du syndicat majoritaire FNSEA.

Dans le même temps, certains convois ont délibérément pris la route vers Paris et entendent y arriver dès vendredi ou le week-end... alors qu'un blocus est d'ores et déjà annoncé dans la capitale. Pour la journée de vendredi, deux syndicats agricoles franciliens - la FDSEA d'Ile-de-France et les Jeunes Agriculteurs IDF - appellent au "blocus de Paris". FDSEA Ile-de-France et JA Ile-de-France demandent à leurs adhérents de se rassembler "sur les grands axes autour de la capitale". Parallèlement, le président de la FNSEA considérait qu'une telle escalade était un "dernier recours". Des blocages sont annoncés sur l'A1, l'A10, l'A11, l'A13, l'A15.

"On a peur d'être déçus. On veut montrer qu'on est prêts à monter sur Paris", explique Robin sur RTL. Il est agriculteur et sera présent sur le terrain vendredi. "À partir de la mi-journée, il va y avoir des barrages un peu partout en Île-de-France", ajoute-t-il. Dans son cas, il bloquera intégralement le péage de Saint-Arnoult situé sur l'A10.

Le patron des Jeunes Agriculteurs temporise

Selon le patron des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, ces blocages vont "provoquer" indéniablement "des perturbations". "Le mouvement est important autour de Paris" rappelle le leader syndical. Au niveau national, il indique au micro de RTL vouloir "attendre les annonces de [vendredi]" du gouvernement. "On discutera ensuite avec les responsables régionaux", ajoute-t-il. 

Ce "blocus" interviendrait au lendemain des premières actions coup de poing réalisées dans la région ce jeudi, comme annoncé dès mercredi par RTL.

Leclerc ciblé dans l'Aude

Partout en France, les blocages routiers se multiplient toujours. Depuis ce jeudi matin, l'autoroute A1 (Paris-Lille) est fermée juste avant que les automobilistes n'arrivent au niveau de la métropole nordiste. À la mi-journée, 200 tracteurs sont arrivés en cortège et ont investi l'autoroute du Nord au niveau de Seclin. La circulation automobile, elle, a été déviée et le trafic est complètement paralysé. Avant les annonces du gouvernement, les exploitants agricoles disent vouloir vivre de leur métier sans dépendre uniquement des aides. Les déviations routières vont durer un moment, des actions sont d'ores et déjà prévues vendredi.

À Castelnaudary (Aude), les agriculteurs bloquent toujours l'accès aux camions de la Socamil. Il s'agit de la centrale d'achat des centres Leclerc. Plusieurs centaines de salariés ont été priés de rester chez eux ce jeudi. Aucun déchargement n'a eu lieu depuis mardi. Dans le Var, une mobilisation a commencé dès 14 heures à Draguignan. Des tracteurs et un troupeau de 600 brebis sont attendus sur place, selon les informations de la Confédération paysanne transmises à RTL.

Voici une liste non exhaustive des axes autoroutiers coupés partiellement ou sur lesquels le trafic est très perturbé : l'A1, l'A2, l'A4, l'A7, l'A9, l'A10, l'A16, l'A20, l'A21, l'A26, l'A31, l'A36, l'A61, l'A62, l'A63, l'A64, l'A83 ou encore l'A89. Plusieurs barrages agricoles ont été installés en Moselle et en Meurthe-et-Moselle ce jeudi. La ville de Nancy devrait être intégralement bloquée dès vendredi, selon la FDSEA. Toute la logistique est prévue pour rester sur place au moins jusqu'à vendredi après-midi. 

La Bretagne se mobilise massivement

Rennes pourrait, dès à présent, représenter un point de convergence des colères. En plus des agriculteurs, les pêcheurs entendent bien rejoindre le mouvement. Ils sont, pour la plupart, frappés d'une interdiction de pêche pendant un mois. Ce jeudi, une délégation d'agriculteurs en colère est reçue par le préfet. Les routiers et les étudiants sont aussi attendus pour grossir les rangs de la manifestation. Un imposant dispositif de sécurité est mis en place.

Vendredi, un barrage filtrant sera mis en place dans la proche banlieue de Rennes (Ille-et-Vilaine). Une centaine d'éleveurs sont attendus place dès 14 heures. Samedi, toujours en Bretagne, des maraîchers sinistrés lors des dernières tempêtes dans le Finistère se mobiliseront à Plougastel-Daoulas.

Vendredi, une manifestation est prévue à Montpellier dans l'Hérault. "La circulation sera fortement perturbée", prévient la préfecture qui appelle les habitants à "adapter" leurs déplacements. Plusieurs convois agricoles ont prévus de converger, depuis les autoroutes A9, A709 et A750, vers le centre de Montpellier. Le préfet recevra une délégation d'exploitants en colère "puis ira à la rencontre des manifestants", annoncent ses services dans un communiqué.

A7, Occitanie... Toujours plus d'actions coup de poing

Aux blocages, on peut ajouter également les actions coup de poing de plus en plus nombreuses. Sur l'A7, à hauteur de Montélimar (Drôme), des agriculteurs ont intercepté des camions étrangers. Ils les ont vidés de leur chargement avant de brûler la marchandise sur le bitume. Aux portes de l'Occitanie, à Agen, une grande surface a été prise pour cible par les agriculteurs. Des pneus et des ballots de paille bouchent l'entrée et du lisier a été projeté sur la façade. Dans l'après-midi, des détritus ont été déversés devant la gare SNCF. Une trentaine de tracteurs se sont relayés pendant deux bonnes heures.

Dans la Vienne, à Poitiers, des agriculteurs de la Coordination rurale ont aspergé la préfecture de lisier. Comme ce fut le cas, mercredi, à Agen. 

La tension monte à Bordeaux

Par ailleurs, du côté de Bordeaux, des actions similaires ont eu lieu. Une soixantaine de tracteurs ont convergé jeudi soir vers le quartier des institutions à Bordeaux, où des agriculteurs ont allumé des feux de paille et de palettes devant la préfecture et le conseil départemental, ont constaté des journalistes de l'AFP.


Ils ont également bloqué l'entrée d'un parking souterrain de la préfecture avec des pneus de tracteurs. Du fumier a aussi été déversé devant l'hôtel de région, où quelques agriculteurs ont fait mine d'essayer de pénétrer avant de rapidement faire machine arrière. Les manifestants sont repartis vers 19h30 après avoir provoqué une interruption du trafic d'une ligne du tramway avec leurs tracteurs. 

Des agriculteurs avaient lancé une première action mercredi matin à Bordeaux, en envahissant la rocade, axe névralgique entre Paris et l'Espagne, où ils ont effectué une opération escargot jeudi matin.

Sur la préfecture du Var, à Toulon, plus de 6.000 litres de purin ont été déversés.

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