Une fois de plus, l'Europe est en deuil, particulièrement la Belgique, victime d'attaques terroristes mardi 22 mars. La population belge se réveille difficilement d'un scénario cauchemardesque, causant la mort de 31 personnes et 300 blessés, selon le dernier bilan officiel dévoilé par le ministère de la Santé. Deux jours après les attentats, la journaliste de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui réagit. Elle-même victime des attentats de janvier 2015, la jeune femme publie un livre, intitulé 13 (édition Ring), dans lequel est révélé des récits croisés de survivants.
À la suite des attentats, la journaliste ressent un profond "désarroi" face à des attaques qui deviennent une "routine". Selon elle, on ne peut malgré tout pas s'habituer au terrorisme mais "on compose avec". Cette situation est loin d'être normale : "Vivre dans une prison ambulante alors que des types comme les Kouachi ou Salah Abdeslam sont identifiés mais circulent librement pour acheter des armes, louer des bagnoles ou encore se doter de ceintures d'explosifs, est une situation absurde", dénonce-t-elle.
Cet ouvrage qui retrace le drame des attentats montre qu'il est difficile de passer à autre chose. La jeune femme explique qu'être rescapé d'un attentat terroriste conduit à la culpabilité d'avoir survécu. Une réaction que les thérapeutes appellent le "syndrome du survivant". Bien que la journaliste clame son athéisme, elle aime croire que sa survie a un but : "Si je suis encore là, c'est peut-être que j'ai encore quelque chose à faire".
À l'échelle collective, il faut figer la mémoire
Zineb El Rhazoui, journaliste
Son devoir, selon elle, est de "contribuer en tant que journaliste à ne pas perdre la mémoire de ce qui s'est passé". À l'échelle de l'individu, "l'oubli est salutaire et thérapeutique, indique-t-elle, mais à l'échelle collective, il faut figer la mémoire". Zineb El Rhazoui estime qu'en tant que victime, il est important voire thérapeutique de "croiser les expériences et de comparer ce long chemin de croix que l'on doit entamer, lorsqu'on a été touché dans sa chair". Le parcours de la guérison est commun bien que selon elle, la plupart ne s'en remettra jamais.
Zineb El Rhazoui refuse de plonger dans l'incompatibilité entre la communauté musulmane française et la criminalité. "Bien sûr que l'on peut être musulman et criminel", estime-t-elle. Une communauté dont elle ne connaît pas grand chose, car elle-même y est assimilée "par le nom, le faciès". La jeune femme pointe "ce paternalisme insupportable", qui doit cesser. "Ceux qu'on appelle musulmans sont des citoyens comme les autres", déclare-t-elle.
Il y a toujours quelque chose de beau qui jaillit de la mort
Zineb El Rhazoui
Un phénomène qui rejoint celui de l'amalgame. Zineb El Rhazoui est évidemment contre mais il serait temps selon elle, de faire l'amalgame "entre les terroristes et ceux qui justifient leurs actes et qui les défendent, et entre ceux qui passent à l’acte et ceux qui distillent l’idéologie jihadiste dans les mosquées", lance-t-elle.
Concernant la perpétuité incompressible pour les crimes terroristes, la journaliste estime qu'il "vaut mieux préserver la société que de penser à la seconde chance de Salah Abdeslam". Une seconde chance que Zineb El Rhazoui a saisie, à la suite des attentats de Charlie Hebdo. La jeune femme révèle être enceinte, estimant "qu'il y a toujours quelque chose de beau qui jaillit de la mort".
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