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ENQUÊTE RTL - "Ils mettent tout le temps les maillots de l'OM" : comment des narcotrafiquants marseillais ont pris le pouvoir dans une cité en Belgique

RTL s'est rendu à Peterbos, dans la banlieue de Bruxelles. Des Marseillais y ont délocalisé leurs activités il y a quelques mois dans cette cité gangrénée depuis toujours par le trafic de drogue. Important avec eux une grande violence.

La cité de Peterbos à Anderlecht (Belgique), dans la banlieue de Bruxelles.

Crédit : MORAD DJABARI / RTL

ENQUÊTE RTL - "Ils mettent tout le temps les maillots de l'OM" : comment des narcotrafiquants marseillais ont pris le pouvoir dans une cité en Belgique

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Morad Djabari - édité par La rédaction numérique de RTL

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C'est un ensemble de barres d'immeubles, de tours en mauvais état, défraîchies, abritant plus de 4.500 habitants. À Anderlecht, Peterbos est la plus grande cité de la région bruxelloise, gangrénée depuis toujours par le trafic de drogue. 

RTL a pu y rencontrer des "choufs", des guetteurs. Deux jeunes Belges de 17 ans qui ont vu de nouveaux patrons se présenter il y a un an et demi. "Ils nous ont dit, 'ouais, on est Marseillais'", raconte l'un d'entre eux. "Ils mettent tout le temps les maillots de l'OM. "Ils nous disaient, 'moi, je viens de Marseille'."


"Quand ils sont arrivés, ils nous ont directement expliqué leur train de vie à Marseille", poursuit-il. "Ils travaillaient là-bas dans les bâtiments. Et là, ils sont venus à Peterbos. Et puis c'est bon, on a fait affaire avec eux. Il y en a une dizaine au maximum."

Située à à peine 50 kilomètres du port d'Anvers, la porte d'entrée de la cocaïne en Europe, Peterbos est un endroit hautement stratégique pour ces narcotrafiquants. Dans cette cité bruxelloise, l'accent marseillais est donc devenu familier. Mais depuis leur arrivée, les habitants vivent un enfer. "C'est terrible, on panique", témoigne un riverain. "On se dit peut-être demain ce sera moi. Les habitants, ils ont peur de parler."

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Cet homme dit craindre "des représailles" contre lui ou ses enfants. "Il y a eu plusieurs morts ici, des coups de feu terribles", décrit-il. "Je ne souhaite à personne de venir vivre ici. Qu'ils soient d'ici ou qu'ils soient de France, c'est pareil, c'est de la vermine."

Les Marseillais présents dans cette cité sont des lieutenants, des têtes de réseau. Les petites mains sont des Belges. Selon nos informations, le chef est un Français d'une trentaine d'années. Il est incarcéré à la prison de Haren, dans la banlieue de Bruxelles, et il dirige le trafic depuis sa cellule.

13017, comme le 17e arrondissement de Marseille

L'homme est originaire de la cité de la Castellane à Marseille où s'est rendu discrètement Fabrice Cumps, le maire d'Anderlecht, il y a quelques mois. Et c'est à ce moment qu'il a découvert que les dealers marseillais avaient exporté leurs méthodes dans sa ville. 

"C'est ça qu'on a vu à la Castellane notamment, c'est les tarifs qui sont affichés dessus", lance le bourgmestre en montrant un mur. Dessus est inscrit le "menu" proposé par les dealers : d'un côté la beuh, à 10 euros le gramme, et de l'autre la cocaïne. Avec la précision "H24, 7 jours sur 7."

Une inscription réalisée par des dealers dans la cité de Peterbos à Anderlecht, dans la région de Bruxelles (Belgique).

Crédit : MORAD DJABARI / RTL

Des inscriptions que Fabrice Cumps ne voyait pas "de cette manière-là" il y a quelques années. Le maire décrit "des similitudes", "notamment en termes de mode opératoire", avec ce qu'il a pu observer à Marseille. "Le fait qu'il y ait une chaîne logistique qui soit assez élaborée, avec des QR codes, des offres d'emploi, ça nous a inquiétés, mais on voit que ça arrive ici aussi."

Sur plusieurs murs de la cité, RTL a pu observer l'inscription 13017, le code postal de Marseille. Sauf qu'il y a 16 arrondissements dans la cité phocéenne. Le 17e est donc, selon les dealers, en Belgique à Peterbos. Ces trafiquants sont affiliés au clan Yoda, rival de la DZ Mafia et en perte d'influence et de territoire à Marseille. 

"C'est presque Chicago"

Même en pleine journée, le maire évite de venir au pied des immeubles. Le deal commence très tôt le matin. "J'ai eu des parents en plein dans mon bureau qui me disaient que leur enfant de 11-12 ans ne voulait plus aller à l'école parce qu'il recevait 100 euros par jour pour faire son travail de guetteur", confie-t-il.

À Peterbos, le deal a toujours existé. Mais l'"ultra-violence" décrite par l'édile est nouvelle. À certaines périodes, il y a deux règlements de comptes à l'arme lourde par semaine. Car les narcotrafiquants marseillais sont en guerre avec différents quartiers et bandes organisées comme les gangs albanais et marocains présents avant eux. 

"C'est presque Chicago", décrit un policier au micro de RTL. "Depuis leur présence, on a vu une toute autre façon d'opérer entre bandes. Avant, c'était encore un peu, entre guillemets, 'bon enfant'. Maintenant, il y a une violence terrible."

Les autorités belges sont dépassées par ce déchaînement de violence, à tel point que dans les prochains mois, le gouvernement envisage de mettre des militaires dans les rues.

Fabrice Cumps a de son côté "pris des mesures d'interdiction de lieu : qui ne peut pas justifier sa présence ici peut se voir mettre une amende jusqu'à 350 euros", explique-t-il. Cette amende vise les consommateurs principalement. Des vigiles sont également postés à certaines entrées d'immeubles et un couvre-feu a été instauré de 1h à 6h du matin.

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