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Agriculteurs : les raisons de leur colère

La FNSEA, premier syndicat agricole français, doit communiquer une "quarantaine" de "revendications claires" ce mercredi 24 janvier. Retour sur les raisons de la colère des agriculteurs.

Les blocages agricoles se multiplient partout en France. (illustration)
Crédit : Valentine CHAPUIS / AFP
Léonard Cassette
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La mobilisation du monde agricole continue et s'amplifie. Les exploitants continuent de bloquer les routes pour faire entendre leurs revendications et faire pression sur le gouvernement Attal. Ce mercredi 24 janvier matin, au moins 200 tracteurs ont par exemple envahi la rocade de Bordeaux. L'A4 doit être bloquée aux alentours de Strasbourg à partir de la mi-journée. Le syndicat des Jeunes Agriculteurs prévoit de bâcher les radars de Moselle. 


De nombreuses routes sont concernées par la mobilisation comme à Bayonne et Pau (A63 et A64), autour de Lyon (M6, A47), sur l'A7 d'Orange à Montélimar, entre Valence et Grenoble (A49), entre Saint-Amand-Montrond et Bourges (A71), la rocade d'Orléans ou de nombreuses voies rapides de Bretagne (notamment la RN12). Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs comptent poursuivre le barrage filtrant mis en place sur un péage de l'A29 près d'Amiens (Somme). 

À Agen, la Coordination rurale menace de faire "tomber" les grilles de la préfecture, arrosées de lisier mardi. 

Pour tenter de répondre à la colère du monde agricole, le Premier ministre Gabriel Attal s'est entretenu avec plusieurs représentants syndicaux. LA FNSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Coordination rurale ont été reçus à Matignon en début de semaine, mais pour l'instant rien n'y fait. 

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La FNSEA doit communiquer une "quarantaine" de "revendications claires". Le premier syndicat agricole français indique n'"exlure aucune option" quant au blocage de Paris ou du pays si les agriculteurs n'étaient pas "entendus", a indiqué Arnaud Rousseau, son président. "Cette colère est inédite pour le monde agricole, ça fait très longtemps qu'on n'a pas eu un tel niveau d'engagement. D'ici vendredi [26 janvier] près de 85 départements vont mener des actions, de manière continue et sporadique", a-t-il déclaré sur France 2. 

Les revendications de la FNSEA doivent tourner autour de trois thématiques : la dignité du métier, le juste revenu et l'exercice du métier.

Les origines de la colère

Le monde agricole enrage dans plusieurs pays d'Europe. En France, les raisons sont multiples. Il y a d'abord la question de la rémunération : exercer en tant qu'agriculteur ne rapporte pas suffisamment. Selon un rapport de l'Ifop, "le revenu disponible moyen annuel des ménages agricoles s’élève à 52.400 euros", mais seulement "un tiers provient de l’activité agricole, soit 17.700 euros". Près d'un ménage agricole sur cinq (18%) vit sous le seuil de pauvreté - les éleveurs bovins et porcins sont les plus touchés, comme le rapportent nos confrères de TF1. C'est 5 point de pourcentage de plus que les autres ménages ayant une activité (13%). 

Les marges sur la production agricole, au regard de l'inflation, sont faibles. Augmentation du prix des matières premières, coûts de production, les exploitants ne s'y retrouvent plus. "Aujourd’hui, nous avons des charges qui sont très importantes de plus de 20% et le prix de nos produits [...] n’augmente pas, et même diminue", expliquait Jérôme Despey, le premier vice-président de la FNSEA, sur Franceinfo, dimanche 21 janvier. 

Les normes françaises et européennes sont jugées trop nombreuses et trop restrictives. En matière de transition environnementale, les agriculteurs s’agacent d'un millefeuille administratif. Ils dénoncent l'adaptation, en France, des directives européennes. En somme, des normes plus contraignantes au niveau national que celles qui résultent strictement des directives européennes. 

À ce titre, les agriculteurs dénoncent la concurrence venue des pays étrangers. Comme l'expliquent nos confrères de TF1en France, les fermes peuvent contenir jusqu'à 40.000 poulets, tandis qu'en Ukraine, ce sont des usines qui élèvent jusqu'à deux millions de volailles. Les produits importés qui ne respectent pas les règles auxquelles sont soumis les exploitants français sont ainsi vendus bien moins cher au consommateur que les aliments français.

L'obligation européenne de laisser des terres en jachère est une autre raison de la colère des agriculteurs. Depuis un an, la Politique agricole commune (PAC), impose aux exploitations agricoles de plus 10 hectares de consacrer 4% des terres à des surfaces non cultivées - le Parlement européen souhaite aller plus loin avec 10% d'ici à 2030. Les agriculteurs voient cela comme une perte financière. Impossible pour eux d'exploiter ces surfaces. 

Un arbre dans un champs (image d'illustration).
Crédit : Unsplah

Les agriculteurs s'inquiètent de l'interdiction de produits phytosanitaires. La France prévoit de réduire de moitié l'usage des pesticides d'ici à 2030, par rapport à la période 2015-2017. Ils sont considérés par les producteurs comme nécessaires. Ces derniers refusent de s'en passer sans solution alternative. L'utilisation du Glyphosate, herbicide controversé car "probablement cancérigène pour les humains" selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), a tout de même été autorisée jusqu'en 2033. 

Le Plan eau du gouvernement fait grincer des dents. Pour préserver nos ressources, il prévoit de baisser de 10% la consommation d'eau d'ici 6 ans (en 2030). Le monde agricole s'inquiète à l'idée de ces économies d'eau à l'heure où les sécheresses sont de plus en plus nombreuses sur le territoire. 

Une enveloppe de soutien pour des pratiques agricoles économes en eau est prévue à partir de cette année : 30 millions d’euros par an. 

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