Les blocages des agriculteurs se multiplient, mercredi 24 janvier. Un barrage a été installé la veille à Beauvais, sur l'autoroute A16 et l'opération était périlleuse. Cinquante tracteurs se sont élancés depuis une bretelle puis se sont arrêtés sous un pont sur l'autoroute. Les automobilistes ont été pris de court, certains ont fait demi-tour. Quatre voies ont été bloquées, dans les deux sens.
Une femme qui devait se rendre à un enterrement a été autorisée à passer avant la fermeture du barrage. Un braséro est allumé, une cuisine de fortune a été improvisée. "On s'installe dans la durée, on a de la nourriture qui arrive", explique Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise.
D'autres ont installé de la paille afin de rester toute la nuit. "Après, on arrivera à se relayer, parce qu'il faut aussi répartir notre boulot sur les exploitations", indique un manifestant. Avec ce blocage, un agriculteur de 19 ans souhaite défendre son métier : "On est vraiment en détresse, il faut faire quelque chose parce qu'on ne va pas tenir comme ça des années".
Durant l'opération, les gendarmes ne sont pas intervenus. Quelques kilomètres plus loin, la circulation a été déviée et une centaine d'agriculteurs vont se relayer jour et nuit au barrage.
Parmi leurs revendications, les normes, qui pèsent sur leur quotidien, mais la colère dépasse ce sujet. La plupart des éleveurs présents au barrage sont jeunes. L'un d'eux dénonce une main d'œuvre déloyale : "Là où on est à 12 euros, sur le Smic, pour récolter des fruits et des légumes aujourd'hui, on est à 6 euros en Espagne, on est à 8 euros en Allemagne, ça, ça ne va pas".
Pour Thierry, éleveur bovin de 60 ans, les agriculteurs ont trop de paperasse. "On est enfoui dans les papiers", regrette-t-il. À cela s'ajoute une crise des vocations. "Maintenant on se bat pour avoir un peu de considération […] Je le dis haut et fort, je ne serai peut-être pas éleveur toute ma vie à cause de ces problèmes", affirme Mathieu, jeune éleveur de 30 ans.
Les agriculteurs sont déterminés. Il nous faut des actes rapides
Régis Desrumaux, président de la FDSEA de l'Oise
Les agriculteurs n'ont pas de mot d'ordre commun, mais il s'agit d'un bouillonnement de revendications. "C'est une révolte agricole, un sentiment de mal-être qui existe […] La colère, elle existe, les agriculteurs sont déterminés. Il nous faut des actes rapides", avertit Régis Desrumaux.
Les agriculteurs ont prévu de rester le plus longtemps possible. La mort d'Alexandra Sonac, une agricultrice fauchée sur un barrage en Ariège, résonne comme un symbole. "Une personne a perdu la vie aujourd'hui pour défendre son revenu, donc c'est dramatique. On va faire une minute de silence", demande Luc, éleveur à Beauvais, qui a organisé un hommage.
Visuellement, le nombre de tracteurs est différent dans les deux sens de l'A16 : il y en 9 vers Beauvais, contre 40 vers Paris. "Je pense qu'on est prêt à aller jusqu'au bout", affirme un manifestant. Les organisateurs ont prévu d'avancer le campement de plusieurs kilomètres chaque jour, vers la capitale.
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