Savez-vous ce que sont les signes diacritiques ? Leur nom sonne comme un symptôme de maladie, mais ça ne s’attrape pas, promis. Les signes diacritiques, du grec diakritikos, "qui distingue", ce sont tous ces petits signes qui sont ajoutés aux lettres pour en modifier la prononciation ou le sens.
Ils ne sont que cinq en français. Il y a ceux qui se placent au-dessus des lettres, les accents grave, aigu et circonflexe, mais aussi le tréma, comme sur le e de "Noël", et il y a la cédille, le seul signe diacritique qui se place sous une lettre.
Ces signes n’ont pas toujours existé, on a commencé à les introduire à la Renaissance, quand il est apparu que les lettres héritées du latin ne permettaient pas de reproduire assez fidèlement les sons du français. Le premier signe a été le "é".
Les règles de leur emploi sont strictes : on peut mettre sur un o ou un i un accent circonflexe, mais il ne vous viendrait pas à l’idée d’y mettre un accent aigu en français, alors que cela se fait en espagnol, par exemple. En revanche, jamais d’accent sur les consonnes en français, la seule qui puisse être équipée d’un signe diacritique étant le c avec sa petite cédille.
D’autres langues disposent donc d’autres signes diacritiques. Il y a le rigolo petit rond sur le a suédois, qui s’appelle joliment le "rond en chef". Il y a aussi le o barré en norvégien, et, plus connu chez nous, le tilde espagnol, cette petite vague sur le n qui fait qu’il se prononce "gne" au lieu de "ne". Et c’est justement lui qui m’a donné l’idée de vous parler diacritiques aujourd’hui.
Cette semaine, je corrigeais au journal Le Monde un article dans lequel il était question de Laurent Nunez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’intérieur. Je suis allée vérifier l’orthographe de son nom parce qu’il me semblait qu’il avait un tilde sur le n, d’habitude. Là, il n’y était pas. Et alors, impossible de savoir ! On trouve des documents disant que Laurent Nuñes tient au tilde, et étrangement, sur le portail du gouvernement, son nom ne le porte pas.
Ce qui est amusant, c’est qu’il est entré au gouvernement à l’automne dernier, juste au moment où se jouait en Bretagne une tragédie judiciaro-familialo-bretonnante autour du tilde. Car figurez-vous que le tilde existe en breton, et que des parents qui voulaient appeler leur bébé Fañch, avec un tilde sur le n, se le sont vu interdire, au motif que ce signe n’est pas français. Ils sont pourtant parvenus à démontrer que le tilde existait en ancien français, et l’affaire est en appel. Mais c’est peut-être pour éviter que les Bretons puissent se servir de l’argument Nunez que celui-ci s’est scalpé le n en entrant au gouvernement. En tout cas, vous voyez que ces tout petits signes soulèvent parfois de grandes passions.
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