C’est une accusation régulièrement portée contre l'entreprise de commerce électronique. Jeff Bezos a bâti son empire en vendant d’abord des livres, une intuition stratégique. Et donc, lorsque l'on cherche à dénoncer les dangers du "grand méchant" Amazon, on cite souvent l’exemple des librairies.
Pas plus tard que cette semaine une enquête au ton grave a été publiée dans les colonnes du journal britannique The Guardian, qui titre : "Pourquoi est ce que les librairies de New York sont en train de disparaitre ?". Il est vrai qu’en 1950, Manhattan comptait 386 librairies, et qu'en 2015, il n’y en avait plus qu’une centaine.
Certaines d’entre-elles ne survivent que par des donations de mécènes. Par exemple la seule libraire française de New-York a fermé il y a 10 ans, et il fallu que les services culturels de l’ambassade de France, sur la 5e avenue, ouvre une librairie dans leurs murs. The Guardian conclut, avec inquiétude, "ce serait triste qu’une ville qui a compté tant de grands écrivains deviennent une ville sans endroit pour acheter des livres".
Mais Amazon n'est pas réellement responsable. S'il est vrai que les Américains lisent moins, ou plutôt passent moins de temps à lire, c’est une tendance de long terme, qui date de l'arrivée de la télévision, puis d’Internet.
D’autre part à New York, les prix des loyers explosent. Des librairies ont du mal à survivre, mais aussi des restaurants célèbres, car les loyers ont doublé ou triplé en quelques années.
Amazon n’a pas grand chose à voir là dedans, et il est même possible qu’il donne un coup de pouce aux libraires.
Vous avez peut être vu un film qui a une vingtaine d’années, Vous avez un Message (1999). Meg Ryan tient une petite boutique de livres pour enfants, qui fait faillite lorsqu’une chaîne de librairies qui appartient à Tom Hanks ouvre un grand magasin dans le quartier.
Ce sont ces grandes chaines de librairies qui ont tué beaucoup de petits commerces. Et aujourd’hui, ce sont ces mêmes chaînes qu’Amazon est en train de tuer. Certaines ont totalement disparu. D’autres ferment des lieux de vente.
En réalité, lorsqu'on regarde attentivement les chiffres sur l’ensemble des États-Unis, où les loyers ne sont pas aussi élevés qu’à Manhattan, le nombre de librairies indépendantes a augmenté de 35% entre 2009 et 2015, c’est à dire les années où Amazon s’est imposé dans le quotidien des Américains.
Les ventes de livres physiques augmentent. Les librairies qui survivent et augmentent leur chiffre d’affaires sont celles qui se sont réinventées en partant du principe qu’elles ne faisaient pas le même métier qu’Amazon. Elles transforment donc l’espace de vente en lieu de vie et de rencontre, se spécialisent, constituent une clientèle, comme une communauté, misent sur l’expérience du client, et parient sur les réseaux sociaux, notamment Instagram.
Bref elles font un vrai travail de libraire, de conseil, elles ne se contentent pas de vendre des livres en libre service. Elles utilisent même parfois la plateforme d’Amazon pour vendre à distance. Le succès est tel qu'Amazon ouvre maintenant des librairies.
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