La nouvelle est une véritable bombe à retardement. Le chlordécone, un pesticide largement utilisé pendant deux décennies dans les Antilles françaises, affecte drastiquement la santé des ouvriers qui l'ont manipulé, à l'époque sans protection. Depuis 1979, pourtant, l'OMS l'a classé dans la catégorie des neurotoxiques et reprotoxiques (qui impacte sur la fertilité). Selon une enquête du Monde, ses répercussions sont désastreuses : il est à l'origine d'une catastrophe environnementale et sociale sans précédent.
Ce pesticide est un perturbateur endocrinien utilisé dans les bananeraies antillaises entre 1972 et 1993 pour lutter contre la prolifération du charançon, un insecte responsable de la destruction des récoltes. Particulièrement toxique, sa molécule, au contact de l'organisme humain, représente une menace cancérigène.
Mais qui dit répercussions sur l'organisme humain, dit aussi désastre écologique : le produit est difficile à éliminer et continue de se répandre, une fois utilisé, dans les nappes phréatiques. À présent, il n'est plus employé, mais il contamine toujours l'environnement.
Les Guadeloupéens et Martiniquais sont contaminés à 95% par le chlordécone. Ses conséquences sont édifiantes : 500 nouveaux cas de cancers de la prostate sont à déplorer chaque année sur chaque île, toujours selon Le Monde. Ce cancer serait deux fois plus important en dans les Antilles qu'en métropole.
Selon les résultats publiés dans le Journal of Clinical Oncologie, les risques de développer un tel cancer doubleraient à partir d'1 microgramme par litre de sang. En Guadeloupe, 18,7% d'enfants de 3 à 15 ans sont exposés à des taux largement supérieurs au seuil de référence (de 0,5 microgramme par kilogramme), selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).
Les résultats de ces enquêtes ne date pas d'hier. L'utilisation du pesticide dans les plantations a été interdit en 1990 en France métropolitaine, 1993 pour les Antilles. Une première mesure a tardé à voir le jour, avec le "Plan d'action chlordécone 2008-2010".
Il a permis de mettre en place une surveillance des sols et des produits employés dans les jardins, proposé des mesures d'accompagnement en agriculture et sensibilisé sur les méfaits de la molécule. Un deuxième plan de type a vu le jour puis un troisième, étalé de 2014 à 2020, qui prévoit des actions de recherche, l'accompagnement des professionnels impactés et une publication de la cartographie des zones à risques.
De son côté, l'Anses préconise aux populations locales de ne pas consommer des produits sortant des circuits commerciaux, c'est-à-dire cultivés dans des jardins.
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