Mort de Maradona : ce jour où il a failli rejoindre l'Olympique de Marseille
Diego Maradona aurait pu jouer pour Marseille. Difficile à croire aujourd'hui mais la légende du football a bel et bien failli quitter la baie de Naples pour rejoindre le club phocéen.

Ce jeudi 26 novembre, la presse rend hommage à Diego Maradona, au lendemain de son décès. Il est à la une de tous les journaux ou presque. L'un d'entre eux a décidé de s'arrêter sur un moment très particulier : ces quelques jours où l'on a cru que Maradona allait jouer à l'Olympique de Marseille.
L'Équipe nous raconte les coulisses de cette négociation incroyable avec Bernard Tapie. Nous sommes en juin 1989. À l'époque, el Diez est l'idole de Naples mais il ne rêve que d'une chose : partir. Il étouffe, tout est devenu tellement dingue qu'il répond aux interviews depuis l'interphone de son appartement. Il ne sort pas le jour, impossible. Il se consume la nuit. Il ne va pas trop à l'entraînement, pas besoin, il joue comme un dieu. Il faut qu'il se tire de là.
"Je veux rencontrer Bernardo Tapié ! C'est un fou ! Comme moi !" C'est ce qu'il confie à Michel Basilevitch, homme d'affaires français, un peu mythomane, un peu agent de joueurs, écrit l'Équipe. Le gars appelle immédiatement Michel Hidalgo, à l'époque directeur sportif de l'OM, qui n'y croit qu'à moitié. Mais si c'était vrai ? Alors Hidalgo appelle Tapie, qui bizarrement n'est pas totalement emballé.
La presse s'enflamme
Alors pour forcer le destin, Basilevitch informe l'Équipe. Une fois que la presse est dans le coup, plus possible de reculer, il faut y aller. Mais Naples, c'est la camorra, alors avant d'y aller, Tapie assure ses arrières. Il fait vérifier qu'il n'y a pas un risque de représailles si on discute transfert. On lui dit que non. Du coup, feu vert ! "Il me dit de prendre son avion privé pour y aller incognito", dit Michel Hidalgo. "Il me dit de tout promettre".
Rendez-vous le 2 juin, dans les beaux quartiers napolitains. "Maradona ne parle pas d'argent, il ne dit jamais oui", raconte Hidalgo. "Tout ce qui l'intéresse, c'est la villa en bord de mer". Le rendez-vous avec Tapie est fixé au jeudi suivant. Hidalgo s'étonne: "Mais Ferlaino, le président du Napoli ? Jamais il ne te laissera partir ! Maradona me répond qu'il s'en charge, qu'il va lui tordre le cou. Il fait le geste". Et il répète : "Cassis... Maison, mer, piscine, hein, monsieur Hidalgo ?''
Le lendemain, l'information fait la une: Maradona à Marseille. Et quand Basilevitch monte sur le Phocéa, Tapie l'attend, l'Équipe à la main. Il sait que c'est lui qui a balancé. Alors l'entretien ne dure pas 5 minutes. Ils crient fort, les noms d'oiseaux volent bas : "Mais qu'est ce que c'est que ce mec ?" Fini de Basilevitch, Tapie reprend la main.
Des négociations impossibles
Tapie harcèle Ferlaino au téléphone, mais le président de Naples ne décroche pas. Il sait bien que s'il laisse partir Maradona, il est mort. Il fait même appel à l'UEFA et à la Fédération Française, pour calmer les ardeurs du patron de l'OM. Mais c'est finalement l'avocat du joueur qui intervient, Guillermo Coppola, dit "le nettoyeur". C'est lui qui va réunir Maradona et Tapie.
La rencontre a lieu le 29 juin, dans un grand hôtel de Milan. Maradona embrasse tout le monde. Il offre un maillot à Tapie, il lui dit : "Puta madre, quelle belle montre tu as !". Alors Tapie lui offre sa montre. Le patron de l'OM ne parle que français, mais il a la tchatche, il empoigne Diego avec les yeux comme dit l'Équipe. Et ça marche. Maradona finit par tomber dans les bras de "Bernardo Tapié".
Il veut 2 millions de francs par mois. Tapie lui offre le double. Plus la villa et un garage pour ses Ferrari. Tout semble parfait, sauf que dans les jours suivants, Ferlaino est injoignable. Quand on arrive finalement à le joindre, il assène que "Maradona restera à Naples tant que je voudrai qu'il reste à Naples". Fin de l'histoire. Maradona n'a jamais accosté à Marseille, le rêve s'est évanoui.
L'impossible transfert. Récit complet publié dans le Magazine l'Équipe en 2007. Et que l'on retrouve avec plaisir, aujourd'hui, sur le site.
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