On a tous été choqués par ces images de violence lors du match Nice-Marseille ce dimanche 22 août. Malheureusement, ce ne sont pas les seules. Il y avait déjà eu des jets de bouteilles à Montpellier il y a 15 jours, des bagarres entre ultras nantais et rennais. Une chose est sûre, quelque chose ne fonctionne pas depuis le retour des supporters.
Il est vrai, la crise du coronavirus a monopolisé logiquement l'attention et les moyens ces derniers temps. L'attention des clubs et de la Ligue pour la mise en place de protocoles sanitaires, au détriment, peut être, des questions de sécurité. La Division nationale de lutte contre le hooliganisme avait pourtant identifié ces derniers mois que des tensions perduraient au sein des groupes ultras.
Ces tensions ont ressurgi brutalement dans les stades, où on a peut-être aussi baissé la garde parce que la sécurité, ça coûte cher. Les clubs tirent la langue et le service d'ordre, pendant le match, est à la charge du club qui reçoit.
Cet équilibre est fragile pour les directions et la Ligue, qui ont voulu structurer depuis quelques années le dialogue avec les associations, des référents supporters. On navigue entre connexion et connivence. Exemple : les propos à chaud de Jean-Pierre Rivère, le président niçois, qui a couvert ses supporters. Pourquoi ? Parce que ces groupes ultras sont aujourd'hui considérés comme les garants de la culture club, d'un ancrage local, et cela arrange les responsables afin d'éviter une perte d'identité à l'heure où les actionnaires viennent en masse de l'étranger. Fonds d'investissement, actionnaires, État ou milliardaire britannique. Jim Radcliff en l'occurrence à Nice.
Certains ont essayé de minimiser le phénomène. On pense à Jaques-Henri Eyraud à Marseille. Il a été emporté par une vague populaire, malgré des rapports très proches avec l'actionnaire. Les ultras ont un vrai pouvoir d'influence, peut-être pas de nuisance. Les réseaux sociaux ou encore les sites communautaires font que leur voix porte davantage désormais. Plus seulement au stade mais au quotidien, avec des actions qui déstabilisent.
A Bordeaux la saison passée, l'ancien président Frédéric Longuépee avait porté plainte en découvrant des affiches placardées dans la ville avec son portrait appelant à sa capture en échange d'une récompense. Il y a eu l'épisode à Nantes, du cercueil et la mise en scène par les ultras, de l'enterrement du "FC Kita", du nom du président Waldemar Kita. Quelle est la part de folklore ? Blague de mauvais gout et appel à la violence ? On marche en permanence sur un fil. Et le fil n'est pas très épais.
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