Et si ce n'était qu'un pansement sur une jambe de bois ? Gennaro Gattuso est viré de l'Olympique de Marseille. La direction a tranché ce lundi 19 février, au lendemain d'une défaite à 11 contre 10 à Brest, et à la fin de plusieurs semaines entre somnolence et catastrophisme devant les prestations de l'OM.
Ainsi, Marseille n'a remporté aucun match de Ligue 1 en 2024, et ce n'est pas uniquement dû aux absences de joueurs partis disputer la CAN. Fébrilité, manque de structure dans le jeu, une âme absente ou inexistante... la bande de gentils garçons de Gattuso n'a pas trouvé les ressorts mentaux pour devenir une escouade de guerriers qui aurait au moins calmé la grogne des tribunes.
Gennaro Gattuso ne pouvait ainsi plus rester sur le banc. En échec dans les résultats, l'Italien n'a pas instillé cet esprit que Tudor avait su insuffler, fait d'intensité et de dépassement de soi. Ni la solidité technique mise en place par Sampaoli. Les deux prédécesseurs (hors Marcelino resté un mois en poste) avaient fait de l'OM une équipe identifiable tactiquement.
On en n'attendait pas forcément autant d'un Gattuso arrivé en urgentiste, mais la "Gattuso attitude", celle du joueur qu'il a été et qu'on espérait voir, n'a jamais été. Et lors des conférences de presse des derniers jours, l'ancien Milanista a même affiché une impuissance publique. Un genre d'appel à le mettre hors service de la part du board marseillais.
Voilà donc Gennaro Gattuso viré, laissant Pablo Longoria et son conseiller sportif, Mehdi Benatia, devant un champ de ruines ou presque, et une saison à sauver s'il est encore possible de le faire. Car si mettre l'entraîneur au placard était un fusible facile à faire sauter, on peut penser que la plaie est plus profonde, et que c'est le "système Longoria" qui toussote depuis la fin de l'été.
En juin 2023, alors qu'Igor Tudor quittait l'OM au terme d'une saison riche en émotions diverses, mais jamais ennuyeuse, Pablo Longoria brossait le portrait du remplaçant. "Il y a des styles qui ne correspondent pas à Marseille. Ici, il doit y avoir un style qui permet de faire du Vélodrome une force et pas une faiblesse", expliquait le président. "On doit jouer d'une façon qui plaît à notre public qui est passionnel. Donc il faut un jeu offensif, un peu rock and roll, un peu pimenté, avec de la vitesse dans les transitions". Une promesse alléchante, mais pas tenue.
Après plusieurs semaines d'un feuilleton Marcelo Gallardo particulièrement sexy (sur le papier), le patron de l'OM nommait... Marcelino. Respectable et respecté entraîneur espagnol, vieux routier de la Liga, dont le jeu technique a fait ses preuves, mais qui n'a rien de "rock and roll" ou de "pimenté".
L'ami de Don Pablo a fini par quitter Marseille, dans des conditions troubles, à la suite d'une rencontre entre la direction et les supporters qui aura fait exploser l'organisation interne. Javier Ribalta, chargé du sportif, a préféré quitter la pétaudière. Le directeur sportif, David Friio, prenait la porte à son tour, ainsi que Mathieu Louis Jean, l'œil de la cellule de recrutement. Les deux hommes allaient renforcer par la suite le secteur sportif de l'Olympique lyonnais, qui "étonnement" donne des signes de bon fonctionnement depuis leur arrivée au sein de la nouvelle organisation rhodanienne.
Un peu plus tard, en début d'année 2024, Pedro Iriondo (directeur de la stratégie et du développement) quittait l'OM à son tour. Il ne restait alors plus personne de la garde rapprochée de Pablo Longoria, celle qui semblait avoir mis le club sur de bons rails, avec deux podiums consécutifs, malgré des entraîneurs et des joueurs qui défilent plus vite qu'un T-Max sur La Corniche.
Mais ce club n'est pas comme les autres, et ce n'est pas toujours un particularisme appréciable. Alors que les comptes du club semblaient enfin à l'équilibre, pour le plus grand bonheur de Frank McCourt, l'équipe allait pouvoir être renforcée pour se qualifier en Ligue de champions et enfin être digne de son standing en France. Un été 2023 plein d'espoir, qui aura été le début de six mois catastrophiques.
Élimination face au Panathinaïkos en barrages de Ligue des champions, réunion volcanique avec les supporters, une direction qui se met en retrait alors que l'équipe se déplace à Amsterdam, un président qui donne une interview à La Provence, faisant état d'un traumatisme évident et du "pire moment de (sa) vie", un Marcelino qui part pensant sans doute précéder son ami président qui finalement... restera. Gifle au Parc des Princes, arrivée de Gattuso, inutile, dégringolade au classement, mercato hivernale illisible. Le soap-opera est total.
Pour remplacer Javier Ribalta, Pablo Longoria choisit Mehdi Benatia. Enfant de l'OM, ex-joueur de grands clubs (Juventus, Bayern...), associé dans une agence de représentants de joueurs qu'il devra quitter pour devenir... conseiller sportif des Phocéens. Il n'est ainsi pas directement salarié. On ne comprend rien, et on continue à être dans le flou. Le club semble tomber de Charybde en Scylla.
En effet, en janvier, alors que le club ne va pas bien sur le terrain, que les recrutements hivernaux laissent perplexe, voilà qu'on murmure que Jonathan Clauss, international français, est persona non grata. Il serait peu professionnel, peu impliqué, indigne de son statut.
Pablo Longoria va même, en conférence de presse, indiquer qu'il "n'a pas apprécié différentes choses" de la part de Clauss. "Il n'a pas été l'exemple qu'on souhaitait", ajoute le natif d'Oviedo. Pourtant, ce "mauvais Clauss" continue de jouer, et ses entrées en jeu ou titularisations montrent même que l'équipe ne peut pas s'en passer dans le marasme ambiant.
Une affaire qui semble mal gérée par l'OM, au mieux, et dans tous les cas un manque de classe et de savoir-faire en ressources humaines de la part de Pablo Longoria. D'autant que Mehdi Benatia allait en rajouter une couche lors d'une interview diffusée par Canal+ dimanche 18 février, une heure avant le coup d'envoi de la Bérézina de Brest.
"Je suis arrivé au mois de novembre, on m'a mis en garde sur deux-trois joueurs dont le comportement était parfois un petit peu limite. Jonathan (Clauss) faisait partie de ces joueurs-là", lâchait Benatia face à son "intervieweur" Samir Nasri, ex-Petit Prince de Marseille.
"Je sais qu'il avait été reçu plusieurs fois dans le bureau du coach pour lui expliquer ce qu'on attendait un petit peu de lui, dans l'attitude, en tant que leader, international français. On pensait que le message était passé, malheureusement, ça ne l'était pas", détaille Mehdi Benatia dans une sortie qui laisse les observateurs au mieux bien enfoncés sur leur chaise (ceux qui étaient sur une armoire en sont tombés).
Toutes ces péripéties posent une question : où va l'OM ? Que veut faire Pablo Longoria, qui était, il y a encore quelques mois, salué pour ses qualités de communicant et de fin connaisseur du football (avec des bémols liés à l'instabilité chronique de l'effectif) ? Le club en ce moment joue mal, communique mal, recrute mal... et donc ne va pas bien, au-delà du cas Gattuso qui est autant responsable que victime collatéral du cirque olympien, et au-delà du terrain.
Pour le moment, l'OM doit s'atteler à bien terminer la saison, car le podium n'est "qu'à" 9 points (la 4e place à 8 points). Il n'y a plus de droit à l'erreur, et la personne qui viendra sur le banc aura une mission capitale. Les premières informations de nos confrères de L'Équipe et RMC Sport indiquent que Jean-Louis Gasset est une priorité. Là encore, le nom du septuagénaire viré du banc de la Côte d'Ivoire en pleine CAN étonne.
Il n'y a pas si longtemps, les noms évoqués du côté de l'OM pour les entraîneurs et les joueurs suscitaient la curiosité. Depuis cet été, ils laissent perplexes. Passer de Marcelo Gallardo ou Vincenzo Italiano (Fiorentina) à Jean-Louis Gasset ou Christophe Galtier montrent quand même que la dynamique olympienne n'est plus la même. Certains y voient même la fin de l'ère Longoria, qui expédie les affaires courantes, usé et rongé par un contexte marseillais invivable sur le long terme.
De quoi relancer le #VenteOM sur X (ex-Twitter), et replonger les fans dans une morosité qui pourrait bien rendre la fin de saison très longue. De quoi rendre encore plus assourdissant le silence du propriétaire Frank McCourt, absent et muet. Rendez-vous dès jeudi 22 février au soir, au Vélodrome, face à Donetsk, où une sortie de la Coupe d'Europe ferait exploser un volcan qui retenait jusqu'à présent ses coulées de lave.
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