Tadej Pogačar : talent précoce, soupçon de dopage, comparaison avec Eddy Merckx... Qui est vraiment le génie slovène du cyclisme ?

Du haut de ses 27 ans, avec ses yeux bleus et ses faussetés, Tadej Pogačar garde un visage d'adolescent. Pourtant, ce dimanche 28 septembre, le Slovène a remporté un deuxième titre de champion du monde, avec une facilité déconcertante. Une nouvelle victoire qui lui permet d'écrire, encore un peu plus, sa légende.

Pas étonnant alors de voir que le Slovène est un véritable héros dans son pays. Komenda, sa ville natale, a même installé une pancarte souhaitant la bienvenue chez Tadej Pogačar. C'est dans cette petite ville à une vingtaine de kilomètres au nord de Ljubljana que "Pogi" va grandir, aux côtés de son père, dessinateur industriel, de sa mère, professeure de français, et de ses quatre frères et sœurs. 

Comme beaucoup, c'est par le football que débute Tadej Pogačar. Mais très vite, il veut se mettre au cyclisme, pour marcher dans les traces de son grand frère, Tilen. Problème : à 9 ans, à cause de son petit gabarit, aucun matériel n'est adapté. Sur le vélo, il ne touche pas terre et doit donc s'accrocher aux grillages avant les départs.

Pogačar, déjà un géant

Cette précocité, c'est désormais sa marque de fabrique. Après avoir intégré l'équipe nationale à 17 ans, c'est UAE, l'équipe des Émirats, qui le repère. Un pari qui va rapidement payer, car il décroche, à 20 ans, son premier titre international, sur le tour de Californie. "Pogi" n'a pas encore l'âge légal pour déboucher la bouteille de champagne sur le podium, il repart alors avec un énorme ours en peluche. 

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Ses qualités sur un vélo ne font aucun doute. Mais s'il est encore jeune, il va entrer dans l'histoire du cyclisme à coup de fulgurances. Le 19 septembre 2020, sur le Tour de France, il arrache le maillot jaune à son compatriote Primož Roglič, pourtant favori, lors d'un contre-la-montre incroyable sur la montée de la Planche des Belles-Filles. 

"Ce soir, on peut le dire : maillot jaune, vainqueur du Tour de France, il est maillot blanc, le meilleur jeune, et il va aussi être maillot à pois, le meilleur grimpeur. C'est son premier énorme succès. Et à 21 ans, il va devenir le plus jeune vainqueur du Tour de France depuis 1904", assuraient alors les commentateurs après l'étape.

Cinq ans plus tard, Tadej Pogačar a un palmarès XXL : quatre Tour de France, 21 étapes remportées, un Tour d'Italie, neuf monuments (Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Lombardie) et dix Classiques. Et un deuxième titre de champion du monde, donc.

Écrire son histoire

Mais devant ces performances exceptionnelles arrivent rapidement les soupçons de dopage. "Les records sont faits pour être battus. Pensez ce que vous voulez, j'ai ma conscience pour moi", assure-t-il. 

Lassé de ces soupçons, "Pogi", est également lassé de la comparaison permanente avec Eddy Merckx, le cannibale belge, qui écrasait, lui aussi, la concurrence à son époque. Alors si, initialement, le Slovène répondait poliment, se disant flatté, aujourd'hui il prend moins de gants. "Je dis toujours que je veux tracer ma propre route, mon chemin, ma carrière, écrire mon histoire à moi", déclare le double champion du monde en titre.

Selon les journalistes, Tadej Pogačar est, cette année, moins souriant, moins avenant. Il ressent peut-être de la fatigue, lui qui a émis l'idée de la retraite après les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. À moins que ce ne soit l'absence de rivaux avec qui il peut réellement s'amuser.

Cette année, le Slovène n'a plus que deux rendez-vous majeurs : les championnats d'Europe, début octobre, puis le Tour de Lombardie, le samedi 11 octobre. Il pourra ensuite profiter de sa maison à Monaco, où il vit désormais avec sa fiancée, Urška Žigart, elle aussi cycliste professionnelle.

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