Roland-Garros : qui sont ces "courtsiders", les parieurs clandestins, traqués par la sécurité ?

Alors que la Française Loïs Boisson joue cet après-midi son quart de finale à Roland-Garros, un tout autre match se joue en coulisses. Depuis plusieurs années, les organisateurs du tournoi font face à un phénomène aussi discret qu’inquiétant : les courtsiders.

Difficile de les repérer, même en tribune. Et pourtant, ils sont là, dissimulés parmi les spectateurs, téléphone vissé à la main. Officiellement, ils sont venus assister à un match. Officieusement ? Ils sont là pour faire parier en direct, parfois pour le compte de réseaux bien rodés à l’étranger. Leur objectif : transmettre les scores d’un match en temps réel, le plus vite possible, à des parieurs en ligne.

Car sur certains sites de paris étrangers, il est possible de miser sur un point, une double faute ou un jeu à venir. Et entre le moment où l’action se déroule sur le court, et celui où le score est mis à jour en ligne, il existe un décalage de quelques secondes (entre 3 et 9, voire plus si l’arbitre descend vérifier une marque). Ce laps de temps suffit pour placer une mise gagnante, puisqu’ils ont déjà vu l’issue du point de leurs propres yeux. C’est une course contre-la-montre, dans laquelle le plus rapide rafle la mise.

Une pratique difficile à sanctionner, mais interdite

Alors, est-ce illégal ? Pas au sens pénal du terme. Les "courtsiders" ne risquent pas de poursuites judiciaires en France, mais leur pratique est formellement interdite par le règlement de Roland-Garros. Une fois dans l’enceinte du stade, il est proscrit de parier ou de transmettre toute information liée au jeu. Les sanctions sont immédiates : expulsion du stade et interdiction d’accès future. Chaque année, une dizaine à une quinzaine de ces "faux spectateurs" sont repérés par les équipes de sécurité du tournoi selon Le Parisien. Depuis les affaires de matchs truqués qui ont secoué le tennis ces dernières années, la vigilance est maximale.

Ils n’attirent pas l’attention par des gestes spectaculaires. Bien au contraire. Ils passent leur temps les yeux rivés sur leur écran, à pianoter pendant les échanges. Pour les identifier, Roland-Garros s’appuie sur des agents en civil, postés près des courts annexes, notamment derrière le Suzanne-Lenglen, ainsi que sur un important réseau de caméras de surveillance. 

Un enjeu majeur pour le tournoi

En 2024, selon l’Autorité nationale des jeux (ANJ), plus de 10,2 milliards d’euros ont été misés en ligne en France. Le régulateur estime que plus d’un million de joueurs sont en situation problématique, notamment à cause de l’addiction. Face à ce contexte, Roland-Garros tient à rester un sanctuaire du sport, pas un terrain de jeu pour parieurs clandestins.