Paris-Roubaix 2025 : pourquoi la participation de Tadej Pogaçar, vainqueur du Tour de France, est si exceptionnelle ?

34 ans après, un maillot jaune du Tour de France va se présenter au départ de l'Enfer du Nord. Un chiffre qui dit bien pourquoi la présence de Tadej Pogaçar à Compiègne, pour le départ de Paris-Roubaix ce dimanche 13 avril, est exceptionnelle.

Vainqueur du Tour de France en 2020, 2021 et 2024, le champion du monde slovène va affronter pour la première fois la Trouée d'Arenberg. Rares sont les maillots jaunes à s'être frottés aux pavés du Nord depuis le début du siècle : Carlos Sastre, Bradley Wiggins, Christopher Froome ou Geraint Thomas. Être un coureur de Grand Tour et spécialiste des pavés est devenu presque antinomique, tant au niveau de la préparation que de la différence de gabarit supposée pour remporter les deux courses.

La bascule se fait dans les années 90 : l'hyperspécialisation des coureurs devient la norme. On est soit grimpeur, soit rouleur, soit classicman, soit sprinteur, mais pas les quatre en même temps, même si le coureur en a la capacité physique. Lance Armstrong, Miguel Indurain, Alberto Contador ou Jonas Vingegaard ne se sont jamais présentés sur la ligne de départ de "la reine des classiques". D'où le fait que le dernier vainqueur sortant du Tour de France à avoir disputé Paris-Roubaix soit un coureur issu des années 80, Greg LeMond, vainqueur final sur les Champs en 1990 et 55ème de Paris-Roubaix en 1991.

Hinault et Merckx derniers vainqueurs du Tour et de Roubaix

Pour retrouver un coureur vainqueur à la fois du Tour de France et de Paris-Roubaix dans sa carrière, il faut remonter à 1981 : Bernard Hinault, vainqueur de la Grande Boucle en 1978 et 1979, a déjà terminé 13e et 11e de la course quand il se présente, ce 12 avril 1981, sur la ligne de départ à Compiègne. Après plusieurs tentatives d'échappée, le "Blaireau" - comme on le surnomme -, règle au sprint Roger De Vlaeminck, appelé "Monsieur Paris-Roubaix", et le triple tenant du titre Francesco Moser. Il est à ce jour le dernier vainqueur du Tour de France à être monté sur la première marche du podium sur le vélodrome André-Pétrieux. Un exploit, d'autant plus, qu'il remporte la même année le troisième de ses cinq Tour de France.

Le même exploit est réalisé quelques années plus tôt par Eddy Merckx, qui, comme Pogaçar 56 ans plus tard, s'aligne sur l'Enfer du Nord en 1970 avec le titre de vainqueur sortant du Tour de France. Le Belge, déjà vainqueur en 1968 avec le maillot de champion du monde à Paris-Roubaix, s'impose avec un écart de 5 minutes 21 sur son dauphin Roger De Vlaeminck. C'est encore le plus grand écart entre le premier et le second sur cette course, qu'il remportera une dernière fois en 1973, sous la pluie et dans la boue. En 1970, il enchaînera également avec le second Tour de France des cinq qu'il a remporté san sa carrière. C'est la seule fois dans l'histoire du cyclisme qu'un coureur remporte dans l'ordre Tour de France - Paris-Roubaix - Tour de France.

Finalement, rares sont ceux à avoir réussi à la fois à Paris-Roubaix et sur le Tour de France : sur les 41 vainqueurs de la Grande Boucle après-guerre, seulement 7 ont terminé sur le podium de l'Enfer du Nord dont 6 l'ont emporté : Laurent Fignon (3e en 1988), Bernard Hinault (1er en 1981), Eddy Merckx (1er en 1968, 1970, 1973), Jan Janssen (1er en 1967), Felice Gimondi (1er en 1966), Louison Bobet (1er en 1959) et Fausto Coppi (1er en 1950). Un nom manque dans cette liste : Jacques Anquetil, cinq fois vainqueur du Tour de France, dix participations à Paris-Roubaix, mais qui a toujours échoué sur cette couse, avec comme meilleur résultat une huitième place en 1960.