"Une menace". Le mot est lâché par les patrons de la principale ligue européenne de basket : l'Euroligue. En cause, le projet de la ligue américaine la NBA, "d'explorer" la création d'une ligue concurrente en Europe, en partenariat avec la Fédération internationale (Fiba). Une "menace" mais une "ouverture au dialogue" de la part de la ligue qui regroupe les 18 plus grosses équipes européennes.
L'arrivée de la NBA en Europe n'est pas une nouveauté. La ligue américaine organise plusieurs matches sur le Vieux continent depuis près de 40 ans, le dernier en date à Paris en janvier 2025 avec comme tête d'affiche le Français Victor Wembanyama et son équipe des San Antonio Spurs. Le patron de la ligue Adam Silver veut "passer à l'étape suivante", après avoir lancé une ligue féminine la WNBA, une ligue de développement la G-League et une ligue en Afrique : la Basketball Africa League.
Omnipotente outre-Atlantique, avec un contrat de droits télévisés record à 73 milliards d'euros, la NBA veut venir concurrencer l'Euroligue sur son terrain et un projet de Superleague mondiale du basket portée par un groupe d'investisseurs conseillés par Maverick Carter, l'ancien manager de LeBron James.
Alors que de plus en plus de stars européennes jouent dans la ligue américaine, à l'instar de Nikola Jokić et Victor Wembanyama, c'est au tour de la NBA de s'attaquer au monde européen. L'Europe est une terre de basket, avec du spectacle et des spectateurs mais avec peu d'audiences télévisées et des finances dans le rouge pour la plupart des clubs. Dans le même temps, la NBA estime à trois milliards d'euros les revenus qu'elle pourrait tirer à terme d'une ligue européenne.
En l'état des réflexions, la NBA envisage une ligue avec 12 franchises permanentes, non tributaires de leurs résultats sportifs, et 4 membres susceptibles de changer chaque année selon les résultats sportifs. Une formule proche de celle de l'Euroligue avec ses 18 clubs : 13 clubs actionnaires et 5 invitations à la suite des résultats sportifs.
L'ECA, l'organisateur de la compétition actuelle, "demeure résolu à s'opposer à toute initiative qui saperait les valeurs cardinales et l'héritage des sports européens et risquerait de laisser de côté les fidèles supporters". Une position "largement partagée" par les 13 clubs actionnaires, même s'il n'y a "pas unanimité".
Parmi ces 18 clubs, certains pourraient pourtant être tentés par l'aventure, à l'instar du Real Madrid, du FC Barcelone, de Fenerbahçe ou de l'ASVEL Lyon Villeurbanne. Le club dirigé par Tony Parker, qui se dit favorable à "une fusion ou partenariat" entre l'Euroligue et la NBA.
La ligue nord-américaine aurait également sondé plusieurs grands clubs de football, puissants sur le plan financier, susceptibles de créer une nouvelle franchise de basket, comme Arsenal ou Manchester City mais aussi le PSG, qui a reconnu une "marque d'intérêt". Une approche alors même que le Paris Basketball, fondé en 2018 et évoluant en Euroligue, est en pleine ascension sportive et extra-sportive et que les deux derniers clubs parisiens, le Paris Basket Racing (ex-PSG Basket) et les Metropolitans 92 ont disparu ces vingt dernières années.
Quel que soit le nombre de clubs dragués, l'Euroligue est menacée par le projet de NBA, mené en collaboration avec la Fiba, la fédération internationale, sa rivale : l'Euroligue, compétition privée quasi fermée, a été créée en 2000 par les grands clubs, qui ont quitté son giron pour des raisons financières. Peuvent-ils, pour les mêmes raisons, faire le chemin inverse plus d'un quart de siècle plus tard ?
L'accord actuel entre les clubs et l'Euroligue expire en juin 2026 et a été renouvelé pour une partie des clubs pour dix ans en janvier dernier. D'ici là, la fédération internationale, la Fiba, l'Euroligue et la NBA devront s'entendre. En cas de création ex-nihilo d'une nouvelle compétition européenne en concurrence avec celles existantes, tout le monde pourrait être perdant, et le basket en Europe plonger dans une nouvelle crise.
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