Jessica Yu Shuran a 20 ans. Née à Singapour, elle est désormais étudiante aux États-Unis, et c'est une nouvelle vie pour elle puisqu'il y a encore 2 ans elle était championne de patinage artistique. Sa carrière ne s'est pas arrêtée après une blessure : c'est elle qui a dit "stop". Stop aux violences, car c'est de cela dont il est question.
L'Équipe magazine vient d'y consacrer un dossier avec de nombreux témoignages dont celui de Jessica. Durant ses années d'entraînement en Chine, son coach n'hésitait pas à la frapper avec un protège-lame en plastique quand il n'utilisait pas la pointe dentelée de son patin pour la faire saigner. Lors d'un stage d'entraînement à l'étranger elle est même conduite en voiture dans une zone isolée, puis poussée hors du véhicule avant d'être battue : la séance du jour était trop bâclée.
"Pendant toutes ces années de souffrance et de douleur, raconte Jessica, je n’étais pas d’accord avec les méthodes, mais, en même temps, je me disais que comme tout le monde avait l’air de les trouver normales, il n’y avait peut- être rien à redire."
Juste formule trouvée par notre confrère Alain Mercier : "la culture qui gagne mais qui fait mal". Que ce soit au Japon, en Chine ou en Corée du Sud, difficile de regarder ces photos qui illustrent le dossier. Des sourires figés mais aussi des visages d'enfants déformés par la douleur. Insultes, humiliations, gifles, privations de sommeil... L'été dernier, à Séoul, une jeune triathlète a préféré mettre fin à ses jours. Hoy n'avait que 22 ans et les médias sud-coréens en ont un peu parlé... Un tout petit peu seulement.
Les violences physiques dans le sport ne font pas les gros titres. En Asie, elles n’ont jamais choqué grand monde. Question de culture, écrit le journaliste qui s'est aussi entretenu avec un professeur d'anthropologie, Bernard Bernier. Celui-ci explique que dans ces pays les châtiments corporels font partie intégrante de l’éducation. À l’école, les enseignants ont le droit de frapper les élèves. Dans le sport, la violence physique de l’entraîneur est acceptée : le coach a toujours raison.
La parole est également donnée à un ancien bourreau. Il témoigne sous couvert d'anonymat mais reconnaît que durant ses entrainements à Singapour ou en Thaïlande "faire pression au quotidien, rabaisser l’athlète, hausser le volume de la voix, isoler un jeune gymnaste ou l’ignorer pendant plusieurs jours..." faisait partie de ses méthodes. Cela peut sembler excessif, dit-il mais dans le sport de haut niveau, la victoire impose tous les sacrifices.
Alors il y a quand même une bonne nouvelle, une petite lueur d'espoir : au Japon en tout cas, les autorités sportives incitent les parents à dénoncer les maltraitances. Une ligne téléphonique a été ouverte en 2014... et il y a de plus en plus d'appels.
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