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Johnny Hallyday : comment Jean-Philippe Smet est devenu Johnny
PODCAST - Bien avant que Johnny remplisse les stades, il y avait un enfant discret, élevé par des artistes itinérants et captivé par l'Amérique. De l'idéal d'Elvis Presley à la scène du Golf-Drouot, découvrez comment Jean-Philippe est devenu Johnny.
Photo prise dans les années 1960 de Johnny Hallyday avec son fétiche.
Crédit : STAFF / AFP
Longtemps, Johnny Hallyday a cultivé l’image d’un rockeur made in USA. Mais contrairement à la légende, ce n’est pas dans un coin paumé de l’Oklahoma qu’il voit le jour, mais en plein cœur de Paris.
Le 15 juin 1943, à 13 heures précises, Jean-Philippe Smet naît dans la discrète clinique Villa Marie-Louise, située dans le 9ᵉ arrondissement, cité Malesherbes. Ce bébé de trois kilos hérite des yeux bleus de sa mère, Huguette Clerc, mannequin chez Rochas et Lanvin. Son père, Léon Smet, comédien belge déjà marié, disparaît alors que l’enfant n’a pas encore huit mois.
Jean-Philippe est alors élevé par sa tante, Hélène Mar, danseuse de métier, aux côtés de ses filles Desta et Menen. Dans cette famille d’artistes perpétuellement en tournée, le petit garçon grandit au rythme des spectacles, des hôtels et des écoles de passage. Dès 6 ans, il suit le trio familial dans leur numéro de cabaret à travers l’Europe.
"Tu te démerdes. Tu chantes"
Lors d’un séjour à Londres, Desta rencontre Lee Halliday, un danseur américain. Avec Menen, ils forment un trio acrobatique : "Les Hallidays". C’est Lee qui surnomme le jeune Jean-Philippe "Johnny" et deviendra au fur et à mesure "son père de cœur".
De retour à Paris en 1952, Johnny se découvre une passion pour la musique. Il achète sa première guitare, une Oyo, au pied de son immeuble, non loin de la place Blanche. Il s’initie au violon et à la danse, puis monte sur scène pour la première fois à 9 ans. Il y interprète La ballade de Davy Crockett et du Brassens, en interlude entre deux numéros du trio familial. Mais l’expérience avec les Petits Chanteurs à la Croix de Bois tourne court : au bout de six mois, il quitte la chorale, trop débordant d’énergie.
À 11 ans, il fait des apparitions dans des publicités et décroche un petit rôle dans Les Diaboliques de Clouzot. Si ses scènes silencieuses sont conservées, son nom, lui, n’apparaît pas au générique. Hélène Mar ne se décourage pas : elle l’envoie auditionner devant Maurice Chevalier, qui lui glisse un conseil devenu célèbre : "Soigne ton entrée. Soigne ta sortie. Au milieu, tu te démerdes. Tu chantes".
James Dean et Elvis Presley en modèles
En 1955, les Hallidays repartent en tournée à travers la Suède, la Finlande et l’Allemagne. Johnny, 12 ans, gagne en assurance. C’est à 13 ans, dans un cinéma allemand, qu’il découvre James Dean dans La Fureur de vivre. Veste de cuir, regard intense, cigarette au coin des lèvres : le choc est total. Johnny veut devenir cet Américain rebelle, libre, passionné.
Sur la scène de l'Atlantic City à Copenhague, vêtu d’un costume de cow-boy, il monte sur scène sous son nom d’artiste : Johnny Halliday avec un "i" comme dans le nom du trio familial. Le personnage est né.
De retour à Paris, il assiste à une projection de Loving You, avec Elvis Presley. Ce n’est pas le film qui le marque, mais l’hystérie de la salle. Cris, hurlements, émeute : Johnny comprend que ce qu’il veut, c’est être une idole.
Un ancien salon de thé devenu haut lieu du rock
Il traîne alors souvent du côté du square de la Trinité, croise Jacques Dutronc, à qui il rachète son perfecto, emprunte des disques à Eddy Mitchell lors d’une surboum, et retrouve le jeune Hervé Vilard. Tous rêvent de musique et de scène.
À 14 ans, Lee offre à Johnny sa première guitare électrique. Deux ans plus tard, à 16 ans, Johnny fait ses débuts sur la scène du Golf-Drouot, l’ancien salon de thé devenu haut lieu du rock parisien. Il y retrouve Dutronc et Mitchell, compagnons de route et futurs grands noms eux aussi.
Le 30 décembre 1959, Johnny passe à la radio dans l’émission Paris Cocktail. Il y chante du Elvis. Le duo de paroliers Jil & Jan repère sa voix et le présente à Jacques Wolfsohn, directeur artistique chez Vogue. Johnny, Fils de personne, va devenir la voix d'une génération.
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