INVITÉ RTL - Benjamin Millepied : "On ne peut pas être touché par des gens qui sont tous les mêmes"

La danse a toujours habité Benjamin Millepied. Il a grandi au milieu d'une mère danseuse et d'un père musicien. "J'avais de la musique, de la danse de partout. J'ai eu une vraie liberté, mes parents ne m'ont rien imposé. Ça a été une force parce que ça m'a permis de devenir complètement moi-même". Et c'est ainsi qu'il a intégré ses premiers ballets à 11 ans. Puis, il a rejoint le conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, avant de s'envoler à New York pour entrer à la School of American ballet. 

Si ce n'est, officiellement, qu'en 2002, qu'il a enfilé le costume de chorégraphe, c'est, en réalité, plus jeune qu'il a commencé à composer ses danses et spectacles. La légende raconte qu'il s'y met dès l'âge de cinq ans avec la Mort du Cygne, de Camille Saint-Saëns. "C'était un moyen d'expression. J'avais des envies, des idées, confie Benjamin Millepied dans Au cœur de la création. Dans la vie, on a tous besoin d'être créatif quoi qu'on fasse."

"Mon regard par rapport à la danse à évoluer en 30 ans. J'ai fait partie des troupes de danse classique où tout le monde se ressemblait, comme le New York City Ballet où on pense que l'homogénéité physique du corps est importante alors que ce qui est important, c'est l'expression, l'énergie de chacun. Maintenant, ça me choque de voir des compagnies de danse où tout le monde se ressemble. On a l'impression de voir des clones. On a envie d'être interpellé par des personnalités et par des gens qui sont différents les uns et les autres. Ça reflète beaucoup plus la vie. On ne peut pas être touché par des gens qui sont tous les mêmes", lance Benjamin Millepied.

L'art menacé aux États-Unis ?

Aujourd'hui, il revient à La Seine musicale, à Paris, du 5 au 10 novembre, avec une nouvelle proposition où il se nourrit de l'univers du chanteur américain Jeff Buckley.

"Ses musiques inspirent la danse. Son histoire, c'est comme une tragédie d'opéra. On a quelqu'un qui traverse le temps, qui a marqué tellement de gens et qui disparaît dans la rivière du Memphis, noyé. C'est complètement mystérieux et tragique. Je voulais raconter tout ça, confie le danseur. J'ai eu accès à son journal intime. Je voulais trouver un moyen d'aller plus loin, d'avoir un voyage émotionnel avec ses chansons."

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Un nouveau spectacle donc, mais il n'oublie pas non plus la compagnie qu'il a montée à Los Angeles. D'ailleurs, dans un contexte de présidentielle américaine, Benjamin Millepied se dit inquiet. "Je sais très bien quelles sont les difficultés économiques pour l'art aux États-Unis. On est à l'aube d'une potentielle catastrophe avec l'élection de Trump. On va vers une Amérique qui va être de plus en plus compliquée."

>> Au cœur de la création, un podcast présenté par Xavier de Moulins. Chaque samedi sur RTL, dans RTL Soir, le journaliste nous emmène à la rencontre d'hommes et de femmes qui ont décidé de consacrer leur vie à un art. Écrivains, cinéastes, cuisiniers ou encore chanteurs et photographes, ils livrent leurs secrets et vont vous inspirer. Retrouvez l’intégralité de cet entretien en podcast tous les samedis, ainsi qu’un épisode bonus, Les Essentiels, tous les mercredis.