Augustin Trapenard sur RTL : "'Le Lion et le moucheron', une fable de La Fontaine sur le prix de l'arrogance"

Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d'une pure coïncidence... Quand il faut prendre un peu de distance ou de hauteur, il n'y a rien de mieux que Jean de La Fontaine et l’actualité fait replonger dans Le Lion et le moucheron.

Cette fable très ancienne, inspirée d'Ésope, évoque le pouvoir. Elle raconte les déboires d'un lion - autant dire d'un puissant - qui a la mauvaise idée de mépriser un moustique. "’Va-t-en, chétif Insecte, excrément de la terre.’ C'est en ces mots que le Lion parlait un jour au Moucheron. L'autre lui déclara la guerre. ‘Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de Roi me fasse peur ni me soucie ?"

Il y a un combat épique ! Et le petit moucheron va tout faire pour triompher du lion, il "le pique", "l'irrite" et "le harcèle" jusqu'à, effectivement, le mettre sur les dents. "Le malheureux Lion se déchire lui-même, fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, bat l'air qui n'en peut mais (5), et sa fureur extrême le fatigue, l'abat ; le voilà sur les dents."

Une morale sur le prix de l'arrogance

Sur les dents ! Cette fable nous dit, c'est important de le rappeler, surtout en ce moment, que la puissance ne garantit pas la victoire et encore moins l'immunité. Mais c'est aussi une fable sur le prix de l'arrogance. Quand on dit un peu trop fort, qu'on est sûr de gagner, on prend un double risque : celui de perdre et celui de se faire humilier, de finir sur les dents.

La fable ne se termine pas comme cela, il y a un coup de théâtre. Parce que le moucheron - très mauvaise idée - s'en va fanfaronner un peu partout pour dire qu'il a gagné. Jusqu'à ce qu'il tombe sur une araignée. Une araignée qui le mange tout cru. Et là, il n'y a pas de combat héroïque. Le moucheron meurt en un seul vers.

Alors que nous dit La Fontaine ? Il nous appelle comme souvent dans les fables à la mesure. Il nous dit, au fond, qu'il faut toujours se méfier : on a parfois l'impression d'avoir gagné, mais en un rien de temps, on peut se faire bouffer. Et ça, ça vaut pour le lion comme pour le moucheron. Toute ressemblance avec des personnages existants... Vous connaissez la chanson. "Quelle chose par là nous peut être enseignée ? J'en vois deux, dont l'une est qu'entre nos ennemis, les plus à craindre sont souvent les plus petits ; L'autre, qu'aux grands périls tel a pu se soustraire qui périt pour la moindre affaire."