"Une fois que vous acceptez le format de la télévision, vous êtes un téléfilm." Voilà ce que Steven Spielberg, très remonté contre les plateformes de streaming a déclaré au média britannique d'ITV News le 20 mars 2019. Dans son viseur, comme il l'a très rapidemenent souligné, le géant Netflix.
Moins d'une semaine plus tard, le 25 mars, celui qui se présentait comme le défenseur du grand écran, protégeant le septième art d'une main ferme, se retrouve à nouveau sur le devant de la scène. Cette fois-ci, à la keynote d'Apple pour faire la promotion... du site de streaming de l'entreprise à la pomme, Apple TV+.
Sur l'écran géant du théâtre Steve Jobs au Parc Apple de Cupertino (Californie), le visage en noir et blanc du réalisateur de Jurassic Park est le premier à apparaître dans le court film de promotion. "Vous voulez mon aide pour votre lancement ?", lance-t-il à l'assemblée enthousiaste. Et si J.J. Abrams, Jennifer Aniston ou encore Reese Witherspoon ont également participé à la promo spectaculaire, celle de Spielberg fait polémique dans le métier.
Sur Twitter, beaucoup de nom du milieux hollywoodien se sont exprimés. "Si et quand Spielberg produira un film pour Apple TV+, est-ce qu'il voudra être considéré aux Oscars ?", écrit un scénariste américain. "Est-ce qu'on savait que Steven Spielberg était porte-parole d'Apple pendant le remue-ménage avec Netflix ?", se demande la journaliste de BuzzFeed, Kate Aurthur. Pour Franklin Leonard, le créateur du site de référence The Black List, le cinéaste a fait son choix : "Je pense que Spielberg a trouvé son service de streaming."
Selon le média américain Variety, les réactions sont toutefois à nuancer. Cette alliance entre Steven Spielberg et Apple n'est pas si étonnant : premièrement, le réalisateur produit déjà des formats pour la télévision avec sa société Amblin Entertainment créée en 1981, dont l'emblème est une image stylisée de la scène mémorable de son E.T. l'extra-terrestre. Sa société a notamment produit la série Urgences qui a révélé George Clooney.
Deuxièmement, le réalisateur ne s'est jamais caché de son amour pour les nouvelles technologies dans ces réalisations. On a pu le constater dans son film d'animation hybride Les aventures de Tintin : Le secret de la Licorne (2011) mais également plus récemment dans son Ready Player One (2018), où il utilisait la réalité virtuelle pour son monde OASIS. Apple est indéniablement un pionnier dans de nombreuses technologies.
Un troisième point pourrait sauver le soldat Spielberg de la polémique. À prendre néanmoins avec des pincettes : Apple n'a pas encore précisé si ses productions seraient directement sur la plateforme - à l'image de Netflix - ou au contraire si elles passeraient d'abord en salles. Un détail important puisqu'actuellement, la société créée par Steve Jobs a produit le film d'animation Wolfwalkers de Ross Stewart.
Selon Variety, ce dernier aurait été conçu pour offrir à Apple une place dans la course aux Oscars 2020. Si le film entre dans la compétition sans passer par la case traditionnelle, tout l'argumentaire de Spielberg tombera à l'eau. La pomme de la discorde est au centre.
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