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"À Wall Street, l'argent liquide est roi" : l'offre hostile de Paramount pour Warner Bros peut-elle faire capoter le deal avec Netflix ?

Paramount Skydance s'est adressé directement aux actionnaires, avec une contre-offre entièrement en espèces pour son concurrent Warner Bros Discovery, valorisé 108,4 milliards de dollars, trois jours après l'annonce d'un accord de rachat entre WBD et Netflix.

Warner Bros Discovery (photo d'illustration)

Crédit : Patrick T. Fallon / AFP

Juliette Vignaud

Paramount défie Netflix. Trois jours après l'annonce d'un accord de rachat entre le géant du streaming et Warner Bros Discovery (WBD), le groupe de télévision et de cinéma Paramount Skydance a présenté une contre-offre à 108,4 milliards de dollars. Cette contre-offensive met à mal le projet de Netflix de racheter certaines divisions du géant américain des médias pour 83 milliards de dollars.

À la différence de Netflix, qui ne propose de racheter, pour l'essentiel, que le studio Warner Bros et la plateforme de vidéo à la demande HBO Max, Paramount Skydance veut, lui, acquérir l'ensemble de WBD, y compris son portefeuille de chaînes de télévision, dont CNN et Discovery. Avant d'étudier une vente, WBD avait pour projet de scinder ses chaînes du reste du groupe. 

Une offre publique d'achat hostile

L’accord avec Netflix devait être finalisé dans les 12 à 18 prochains mois, mais le deal pourrait capoter face à l'offre publique d'achat de Paramount. Cette OPA hostile vise à tenter d'acquérir la majorité des actions de WBD sans avoir recueilli l'accord préalable de l'entreprise. À la différence d’une OPA amicale, les discussions qui étaient privées jusqu’ici deviennent ainsi publiques. 

Paramount doit désormais plaider pour sa cause auprès des investisseurs de Warner Bros Discovery. Pour tenter de les convaincre, le groupe est prêt à financer son offre intégralement en numéraire, alors que celle de Netflix comportait une partie en actions. Paramount propose ainsi aux actionnaires une offre de 30 dollars par action, dans le cadre d'une transaction entièrement en espèces pour l'ensemble de la société, tandis que Netflix a offert 27,75 dollars (23,25 dollars par action en espèces et 4,50 dollars en actions)

"Nous présentons notre offre directement aux actionnaires afin de leur donner la possibilité d'agir dans leur propre intérêt et de maximiser la valeur de leurs actions", a insisté David Ellison, patron du groupe, dans un communiqué. Selon l'entreprise, l'offre est sécurisée grâce à, en partie, sur la famille Ellison. Le patriarche Larry est l'un des hommes les plus riches du monde, dont la fortune a déjà dépassé pendant quelques heures celle d'Elon Musk.

"Nous sommes à Wall Street, où l'argent liquide est roi"

Cette OPA hostile intervient aussi après de nombreux refus de la part de Warner. Paramount Skydance avait été le premier à manifester son intérêt pour Warner Bros Discovery et a soumis au moins cinq offres, avant celle de lundi, mais le conseil de WBD lui a préféré Netflix. "Malgré les six propositions soumises par Paramount en douze semaines, WBD n’a jamais véritablement engagé de discussions sur ces propositions qui, selon nous, offrent la meilleure issue pour les actionnaires de WBD", assure le géant.

"Nous sommes vraiment là pour terminer ce que nous avons commencé", a assuré David Ellison sur CNBC ce lundi. Et de marteler : "Nous sommes à Wall Street, où l’argent liquide est roi. Nous offrons aux actionnaires 17,6 milliards de dollars de plus que dans l’accord qu’ils ont actuellement conclu avec Netflix, et nous pensons que lorsqu’ils verront les détails de notre offre, c’est celle qu’ils approuveront." 

La proximité avec Trump à la faveur de Paramount

Paramount estime par ailleurs qu'ils obtiendront plus rapidement une approbation réglementaire en raison de sa taille. "Nous avons davantage de certitude d’obtenir l’accord des régulateurs" que Netflix, a notamment fait valoir David Ellison. Il juge, d'autre part, le rachat de Neflix comme anticoncurrentiel. Ce rapprochement réunirait, en effet, deux des trois plus grosses plateformes mondiales de vidéo à la demande payante (en excluant Amazon Prime au modèle hybride), soit plus de 300 millions d'abonnés pour Netflix et 128 pour HBO Max. 

"Laisser le premier service mondial de streaming fusionner avec le troisième est mauvais pour la concurrence", a déclaré David Ellison. Ce dernier a aussi pour lui que Donald Trump est proche de son père, Larry, qui contribué financièrement aux campagnes électorales du président américain. Ce dimanche, le chef des États-Unis a d'ailleurs exprimé des doutes quant à l'opportunité d'une union entre Netflix et Warner Bros. Netflix a déjà "une très grosse part de marché", a-t-il rappelé, ce qui "pourrait être un problème". 

Ces liens entre Paramount et Donald Trump pourraient renverser le deal, selon Usha Haley, enseignante en université et spécialiste en stratégie commerciale, interrogée par l'agence Associated Press (AP). "Il a dit qu'il participerait à la décision et qu'il fallait le prendre au mot (...) Pour lui, il s'agit simplement d'un meilleur contrôle des médias", a-t-elle assuré, faisant référence au président américain.

Sur CNBC, David Ellison a également vanté ses relations positives avec Donald Trump. "Je suis extrêmement reconnaissant de la relation que j'entretiens avec le président", a-t-il déclaré. "Je crois également qu'il croit à la concurrence. Or, d'un point de vue purement concurrentiel, autoriser le service de streaming numéro un à fusionner avec le numéro trois est anticoncurrentiel."

À écouter

NETFLIX/WARNER : quelles conséquences pour les spectateurs ?

00:02:15

L’offre publique d’achat de Paramount doit expirer le 8 janvier 2026, sauf prolongation. Si Warner Bros rompt l’accord actuel avec Netflix, il devra verser à la plateforme une indemnité de 2,8 milliards de dollars.

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