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Raspoutine : qui était ce paysan hypnotiseur de la Russie impériale ?

PODCAST - Raspoutine, figure énigmatique de la Russie impériale, a marqué son époque. Pendant plus de dix ans, ce paysan semi-lettré s'est imposé comme l'homme qui chuchotait à l'oreille des tsars.

Copie d'une photographie d'archives du controversé Raspoutine, légende de la Russie, prise en 1919.

Crédit : HO / AFP

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La Russie des Tsars, au tout début du XXe siècle, a vu émerger un personnage historique digne des plus grands romans : Raspoutine. Sous son emprise, les ministres sont tombés comme des mouches, les courtisans se sont entretués et le pouvoir s’est progressivement délité. Pendant ce temps, il a multiplié les orgies, les séances de spiritisme et les prières délirantes, le tout entre deux bouteilles de vodka.

Raspoutine, de son vrai nom Grigori Efimovitch Raspoutine, a été avant tout un miraculé. Il est né en 1869 dans une famille de paysans aisés à Proskrovoïe, un village reculé figé dans l’hiver russe. Sa vie a pris un tournant lorsque, enfant, il a chuté dans une rivière gelée.

S’il s’en est sorti avec une pneumonie, son frère, tombé avec lui, est mort. Dès lors, on lui a attribué de supposés pouvoirs de divination et de guérison.

Un paysan devenu influent

Adolescent, il a dit avoir vécu ses premières expériences mystiques, affirmant notamment avoir eu une vision de la Vierge. Ces expériences ont marqué le début d'un cheminement spirituel qui a pris un tournant décisif vers l’âge de trente ans. Après la perte tragique d’un enfant, Grigori a pris la décision de se consacrer à Dieu. Il a alors quitté son foyer pour devenir un "strannik", un pèlerin errant, et a entrepris de parcourir la Russie à pied.

Au fil de ce périple, il s’est transformé. Bien qu’il n’ait pas été instruit et qu’il ait déformé les Évangiles, Raspoutine a captivé les foules. À cette époque, Grigori a également rejoint une secte, celle des Khlysts, issue d’une forme d’orthodoxie populaire où la débauche était perçue comme un moyen d’expier ses péchés. Leurs cérémonies religieuses ont acquis une réputation sulfureuse à cause des scènes d’orgies sexuelles qui s’y sont déroulées.

Raspoutine a façonné son image : il s’est laissé pousser la barbe et les cheveux et s’est vêtu comme un "moujik", un paysan. Même dans les cercles les plus raffinés de la noblesse, il a cultivé son identité d’homme du peuple aux accents mystiques.

Raspoutine au sommet

En 1905, il a été introduit dans l’intimité du tsar Nicolas II, et plus encore de la tsarine Alexandra. Celle-ci l’a considéré comme un envoyé de Dieu, le seul capable d’apaiser les crises d’hémophilie de son fils, le tsarévitch Alexis. Pour elle, cela a relevé du miracle ; pour d’autres membres de la cour, d’une manipulation. Pendant plus d’une décennie, ce paysan est devenu l’homme le plus influent de l’Empire russe, s’érigeant en porte-parole autoproclamé du peuple.

Ce lien intime, presque mystique, entre la tsarine et Raspoutine a alimenté de nombreuses rumeurs. Certains ont affirmé qu’il avait été l’amant de l’impératrice, d’autres ont exploité cette idée à des fins politiques. La réalité a été plus nuancée : Alexandra ne l’a pas aimé comme un homme, mais l’a vénéré comme un saint. Elle l’a consulté de manière constante et sur tous les sujets.

Le jour, Raspoutine priait et s’adonnait, la nuit, aux plaisirs de la vie urbaine. Il a erré dans les tavernes et a fréquenté les maisons closes, parfois entouré de femmes en transe et de disciples troublés. Il buvait jusqu’à l’ivresse, avant de rejoindre à l’aube le couple impérial pour la messe.

La mort impossible

Mais en 1914, la situation s’est aggravée, car l’Europe s’est embrasée. Progressivement, son nom est devenu synonyme de corruption et de décadence dans une Russie épuisée. Raspoutine est apparu comme l’homme à éliminer.

En décembre 1916, un groupe d’aristocrates a décidé de mettre un terme à ce qu’ils ont considéré comme une imposture. Mais ce prophète mystique n’a pas été une proie facile. Empoisonné, puis abattu d’une balle dans la tête, Raspoutine a finalement été retrouvé mort, noyé. Cette mort entourée de mystères n’a fait que renforcer la légende de Grigori Efimovitch Raspoutine.

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