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Caracalla : pourquoi a-t-il tué son propre frère ?

PODCAST - Caracalla a été l’un des empereurs romains les plus cruels de l’histoire antique. Oublié du grand public, il revient sur le devant de la scène grâce au film "Gladiator 2". Son acte le plus célèbre : le meurtre de son propre frère, avec qui il partageait le pouvoir.

Les affiches de "Gladiator II" des frères Caracalla et Geta.

Crédit : Paramount Pictures

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Caracalla est resté dans l’histoire comme l’un des empereurs les plus cruels et instables du IIIᵉ siècle. Obsédé par les complots, il a été à l'origine d'une vague de répression sanglante : avec des purges au Sénat, des massacres à Alexandrie et des milliers d’exécutions dans tout l’Empire. Une véritable terreur s’était installée sous son règne.

À Rome, à la fin du mois de décembre 211, la capitale de l’Empire romain s’est assoupie : les Saturnales, fêtes dédiées au dieu Saturne à l’occasion du solstice d’hiver, se sont tout juste achevées. Pendant plusieurs jours, les Romains se sont adonnés à de copieux festins et ont bu sans retenue.

En revanche, sur la colline du Palatin, au cœur du palais impérial, l’ambiance n’a pas été festive. Elle a été même particulièrement tendue. Durant plusieurs semaines, les relations entre les deux frères ont été explosives. Ils ont partagé pendant près d’un an la gouvernance de l’Empire romain, qui, à cette époque, était étendu du nord de l’Angleterre au Sahara et du Portugal à la Mésopotamie.

Les frères rivaux

Leurs noms : Caracalla et Geta. Ils ont eu respectivement 23 et 22 ans. Caracalla était petit, disgracieux et taciturne. Geta était grand, avenant et toujours souriant. Mais une haine farouche les a opposés, nourrie par des accusations mutuelles de trahison. Face à cette situation, leur mère, Julia Domna, les a invités dans ses appartements pour tenter une réconciliation.

Le 26 décembre 211, alors qu’elle a invité ses fils à s’installer, des centurions ont fait irruption, glaives à la main. Ils se sont précipités sur Geta, qui a tenté de se réfugier dans les bras de sa mère. Les soldats l'ont poignardé notamment à la gorge. Caracalla est resté de marbre. Geta a hurlé, Julia a imploré et sangloté. Il est mort dans ses bras.

L'empereur a fait tuer son frère, comme Romulus avec Rémus ou Néron avec Britannicus. Il a ordonné l’incinération du corps, puis s’est rendu auprès des prétoriens et du Sénat pour justifier le meurtre, en accusant Geta de conspiration. Pour s’assurer du silence des soldats, Caracalla a augmenté leur solde. Il n’a manifesté ni remords ni émotion, et a prononcé la damnatio memoriae : le nom et l’image de Geta ont dû être effacés, que ce soit sur les statues, les pièces et les documents officiels.

L'empereur hanté par son double

Il est allé encore plus loin, en éliminant les partisans et les proches de son frère. Sa mère, Julia Domna, a compris qu’elle devait cacher sa douleur pour survivre. Mais Caracalla, lui, est resté hanté. Paranoïaque, il fait des cauchemars. Il a même gardé pendant quatre ans l’un des glaives de l’assassinat.

Des années plus tard, le 8 avril 217, Caracalla, en plein voyage, s’est éloigné de son escorte pour satisfaire un besoin pressant. Il a été suivi discrètement par le chef de sa garde et quelques soldats. Mais il n’a pas eu le temps de se retourner : plusieurs coups de glaive l’ont atteint, exactement comme Geta quelques années plus tôt. Il s’est effondré dans son sang, victime à son tour du complot qu’il a toujours redouté.

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