Pourquoi un blocus a permis de développer la culture de la betterave en France

Mercredi 14 février, Emmanuel Macron a reçu à l'Élysée des organisations syndicales agricoles après la vague de manifestations et de blocages des agriculteurs. Et bien, par le passé, un blocus a permis de développer l'agriculture en France. 

Celui-ci a été organisé non pas par des agriculteurs français mais par des militaires anglais. Cela se passe au début du XIXe siècle. La guerre fait rage entre Napoléon et les Britanniques qui décident de couper l'arrivée en France de certaines matières premières dont ils ont le monopole comme le sucre de canne. 

Dans un premier temps, Napoléon s'en moque un peu, persuadé de trouver une parade. On essaye de fabriquer du sucre à partir du raisin, d'érable et même de navet. Mais les résultats ne sont pas concluants. Et l'Empereur flippe ! Car le sucre fut longtemps un produit de luxe réservé aux nobles. Mais il finit par se démocratiser. 

Alors, quand en 1792, son prix augmente à cause d'une pénurie due à une révolte d'esclaves dans les exploitations de canne à sucre, des émeutes se déclenchent. Avec des pillages de magasins et d'entrepôts. Napoléon ne veut pas revivre ça. Il faut du sucre ! Et la solution va lui être soufflée par son allié, le roi de Prusse. 

La betterave, véritable poule aux œufs d'or

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La solution fut la betterave ! Un chimiste allemand a trouvé le moyen d'en extraire du sucre. Aussitôt - on est en 1811 - Napoléon décrète la mise en culture de 32.000 hectares de betterave. Notamment dans le nord et dans le sud de la Belgique annexée par la France. La betterave, considérée jusque-là comme juste bonne à nourrir le bétail, va devenir une poule aux œufs d'or pour pas mal de cultivateurs. Jusqu'à conduire à des excès morbides !

Des années après Waterloo, on s'est aperçu qu'il était très rare de retrouver des ossements sur les lieux de l'affrontement. Bizarre alors qu'elle aurait fait 20.000 morts. Deux chercheurs belges et un archéologue britannique ont fini par découvrir l'explication. En fait, dès la fin de la bataille et pendant plusieurs années, les paysans belges qui vivaient dans le coin ont déterré les cadavres des soldats tués. Pourquoi donc ? Tout simplement pour gagner de l'argent en les revendant aux industriels qui fabriquaient du sucre ! 

Pour faire du sucre avec de la betterave, il y a un processus qu'on appelle "clarification". Pour le réaliser, on cuisait des os d'animaux dans un four. On obtenait alors une poudre qui permettait de filtrer le sirop de sucre. Autant dire que ces ossements s'achetaient à bon prix pour les fabricants. 

Les paysans belges, même si c'était interdit, n'ont pas pu résister à l'appât du gain. Ils ont refourgué sans rien dire des os de squelettes de soldats tombés sur le champ de bataille. Immoral mais lucratif, car certains ont empoché des centaines de milliers de francs de l'époque. C'était en une fois ce qui leur prenait une vie à gagner avec leur labeur. Autant dire qu'ils étaient heureux de tomber sur un os...