Pourquoi la mère de Napoléon n'a jamais été impressionnée par le destin exceptionnel de son fils

Le 2 février 1836 à 85 ans, Létizia Bonaparte meurt à un âge canonique pour l’époque. Elle incarnait le souvenir vivant d’une époque révolue. Tout s’était écroulé autour d’elle, elle avait connu la gloire, le pouvoir et la richesse, puis elle avait subi la chute, la déchéance et l’opprobre. Devenue infirme et aveugle, elle est pourtant restée digne jusqu’au bout, sans une plainte et sans un regret. Sa mort puis son enterrement dans un couvent de la banlieue de Rome sont passés quasi-inaperçus. 

Fille d’un simple capitaine de troupes génoises d’Ajaccio, le destin a fait d’elle la mère d’un Empereur, de trois Rois et d’une Reine. Et pourtant, elle n’était pas satisfaite, Létizia. Elle désapprouvait sans cesse la vie et les choix de son fils Napoléon. Quand celui-ci, âgé de 27 ans, a épousé Joséphine de Beauharnais, il l’a fait contre l’avis de sa mère. Cette Joséphine, veuve et mère de deux enfants, lui semblait trop âgée et trop snob. Elle aurait voulu pour son fils une femme plus jeune et moins sophistiquée, une gentille épouse prête à lui donner de beaux enfants. 

Le destin exceptionnel de son fils aurait dû rapidement la consoler. Pourtant, Létizia critiquait tout. Elle n’était pas du tout impressionnée par la réussite de son fils, elle relativisait ses victoires militaires et surtout n’approuvait pas cette toquade de devenir empereur. Quel sacrilège de manipuler le pape Pie VII pour le forcer à assister à la cérémonie du sacre à Notre-dame. Pour la pieuse Letizia, c’était insupportable. Elle a donc refusé d’assister à la cérémonie. Pas question pour elle de s’incliner devant Joséphine, future impératrice. Elle figure pourtant en bonne place sur le célèbre tableau que le peintre David a consacré au couronnement. C’est Napoléon qui a ordonné au peintre David de rajouter sa maman. 

Létizia a fini par s’habituer à l’empire. Il faut dire que son fils faisait tout pour lui faire plaisir. Elle a mené la vie de château pendant 10 ans, mais toujours sur la réserve et dans la crainte. Elle avait si peur de la chute. L’instinct maternel sans doute… À son fils déchu, elle est redevenue une mère aimante, elle a réservé toute sa tendresse et toute son affection ; elle l’a même suivi à l’île d’Elbe, puis s’est battue comme une lionne afin d’obtenir de meilleures conditions d’exil pour l’Empereur proscrit de Sainte-Hélène. 

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