Ce matin, on peut dire que je suis inspirée par Roland-Garros, mais Roland-Garros avec un trait d’union. Parce que, petit rappel des lois de la typographie, Roland Garros sans trait d’union, c’est le bonhomme, l’aviateur mort dans un combat aérien en 1918 à qui l’on a dédié ce stade qui aujourd’hui porte son nom.
Voilà : j’ai corrigé cette semaine une phrase d’un journaliste du Monde dans laquelle il était question de "pratiques qui n’ont plus cours"… sauf que cours, au lieu du S que j’attendais, était écrit avec un T final, comme un court de tennis. Et en effet, il n’est pas impossible que le responsable de cette coquille soit un rien obnubilé par les Internationaux de France de tennis. C’est ce qui m’a donné l’idée d’aller vérifier pourquoi le court de tennis s’écrit avec un T, bizarrement, comme l’adjectif court. Je ne voyais pas la logique. Eh bien figurez-vous que ce court-là n’a rien à voir avec la longueur. Comme le match, le set, l’ace ou le smash, et même comme le nom du tennis lui-même, le court de tennis est un anglicisme, eh oui !
Certains linguistes clament que tennis vient de notre verbe à l’impératif tenez, exclamation de celui qui sert au jeu de paume, l’ancêtre français du tennis – mais cette origine est contestée.
Ce qui est sûr, c’est que notre court de tennis vient de l’anglais court… qui lui-même, bonne nouvelle, vient de l’ancien français court, issu du latin curtis… celui-là même qui, ratiboisé par le temps et l’usage, a donné notre cour (sans T) de ferme ou d’école, et même la cour de justice et la cour du roi, avec tous ses courtisans – dans courTisans, d’ailleurs, on retrouve le T que notre cour a perdu en route.
Quant à la locution "avoir cours", dont je parlais au début, son S à cours, bien sûr, n’est pas un pluriel. C’est la trace d’une autre racine latine, cursus, qui a également donné en français actuel cursus, le parcours universitaire d’une personne. En latin, détaille le Dictionnaire historique de la langue française, cursus, c’est l’"action de courir", puis par extension le voyage, "le déplacement des étoiles, d’un fleuve, et enfin le cours de la vie". Au fond, c’est vrai, la vie, c’est un voyage.
Quand un travail est "en cours", c’est aussi avec un S : le travail avance lui aussi ! Le cursus latin a encore donné la course et le coursier, et bien sûr le verbe courir. Dès le XIVe siècle, avoir cours "entre dans le vocabulaire du commerce, se référant à la circulation des valeurs, des marchandises" et au prix auquel elles se négocient, qui a donné le cours de la Bourse. Quant au cours de français, il s’écrit lui aussi avec un S, parce qu’il a cette même origine latine, cursus : eh oui, apprendre, c’est bien sûr avancer. Et c’est ainsi que, en trois minutes, nous sommes passés du court de tennis… au cours de français !
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